PROFILS | Publié : janvier 2016
L’anneau pour limiter la propagation du VIH
En 2012, Yannick Traoré célébrait l’obtention d’un baccalauréat en sciences de l’Université de Saint Boniface. Aujourd’hui, il continue son épanouissement en poursuivant une maitrise à l’Université du Manitoba où il fait des découvertes importantes liées au virus de l’immunodéficience humaine (VIH).
Avec un doctorant de l’Université du Manitoba, Yufei Chen, et les professeurs Anne-Marie Bernier et Emmanuel Ho, Yannick Traoré fait notamment de la recherche sur les moyens efficaces d’administrer des médicaments contre le VIH.
« Notre public cible, ce sont les femmes, indique Yannick Traoré. Le sperme a une durée de vie de plusieurs jours dans le corps de la femme, donc les chances que ce soit un homme séropositif qui contamine sa partenaire lors de rapports sexuels sont plus élevées que si c’était la femme qui était séropositive.
« En outre, près de 75 % des cas de VIH ont été transmis par un rapport sexuel. Et, comme beaucoup de personnes contaminées sont des travailleurs du sexe, et surtout des femmes, la protection de ces dernières aura un plus grand impact sur la population générale. »
Ainsi, pour protéger de la transmission du virus par et vers les femmes, l’équipe de recherche étudie la possibilité d’utiliser des anneaux vaginaux.
« Les anneaux vaginaux sont déjà sur le marché pour la contraception, donc ils sont déjà connus, fait remarquer Yannick Traoré. Mais on pense qu’ils pourraient aussi être utilisés pour diffuser le médicament Hydroxychloroquine qui empêche les cellules immunitaires d’être activées et donc le virus de s’accrocher et se multiplier.
« L’anneau vaginal amène le médicament directement au virus, et contrairement aux gels ou préservatifs, il peut être introduit et laissé pendant plusieurs jours dans le corps d’une femme sans qu’elle n’ait à s’en préoccuper, ajoute l’étudiant chercheur. L’anneau libère le médicament de manière continue et contrôlée pendant trois semaines. De plus, il n’empêche pas les rapports sexuels. »
Toutefois, la recherche a montré que l’anneau vaginal pouvait être toxique pour certaines cellules du vagin, et donc augmenter l’infection. Pour remédier à cela, l’équipe a identifié un polymère qui n’a pas d’effet toxique ni sur la cellule vaginale ni sur le médicament.
Yannick Traoré, Yufei Chen, Anne-Marie Bernier et Emmanuel Ho ont publié les avancées de leur recherche dans l’article Impact of Hydroxychloroquine-Loaded Polyurethane Intravaginal Rings on Lactobacilli paru en décembre 2015 dans la revue Antimicrobial Agents and Chemotherapy, volume 59, numéro 12. Depuis, ils sont passés à l’étape de l’étude sur les animaux après les tests in-vitro.
« La recherche sur le VIH est importante, car de plus en plus de gens sont affectés, notamment en Afrique, et les médicaments coutent très cher, termine Yannick Traoré. On a besoin de trouver vite des moyens accessibles financièrement pour limiter la propagation du virus. L’utilisation de l’anneau vaginal pourrait avoir un grand impact sur de nombreux peuples. »
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