C’est depuis Dégelis, un petit village niché dans le Bas-Saint-Laurent au Québec, qu’Anne-Marie Turcotte a tracé un chemin menant jusqu’à l’USB, où elle est aujourd’hui chargée de cours de français et consultante en langue. Mais c’est sous sa plume d’auteure que son nom a récemment retenu l’attention avec son tout premier roman La terre maternelle, finaliste du Prix littéraire Portage-UMCE.
Une œuvre littéraire enracinée et engagée
Décerné par le Salon du livre d’Edmundston et l’Université de Moncton, le Prix littéraire Portage-UMCE célèbre les littératures francophones de l’Est canadien. Le roman d’Anne-Marie, qui marie autofiction, roman historique et contes populaires, a su charmer le jury par la richesse de sa voix narrative et la profondeur de son regard sur le territoire.
« Cette nomination est un geste de reconnaissance important pour des voix comme la mienne, enracinées dans le territoire, mais qui s’expriment de manière hybride, hors des sentiers battus », reconnait Anne-Marie.
La terre maternelle est un récit ancré dans le néoterroir, ce courant littéraire contemporain qui explore la ruralité à travers une lentille à la fois poétique et critique. Anne-Marie y tisse une fresque intime et sensorielle, où se côtoient les paysages du Bas-Saint-Laurent, des récits de femmes et les légendes du Québec profond. Elle y raconte une quête identitaire portée par la mémoire, l’héritage et l’attachement viscéral à une terre natale.
« Je voulais que le lectorat ressente le besoin de revenir chez lui, chez elle. Que le territoire devienne presque un personnage à part entière », partage l’écrivaine.
Salué pour son écriture sensible et sa construction audacieuse, ce premier roman paru aux Éditions XYZ en 2024 s’adresse autant aux nostalgiques qu’aux personnes curieuses de découvrir un territoire aux histoires plus grandes que nature. Dans La terre maternelle, Anne-Marie rend hommage aux femmes de sa lignée, à la langue française et à la culture québécoise.
« J’aime surprendre mes lecteurs. Ce qui m’importe, c’est d’offrir une expérience de lecture riche, tissée de poésie et d’émotion, qui honore les voix rurales et les récits transmis de génération en génération », confie-t-elle.
Entre transmission et territoire
Fille d’un bucheron et d’une enseignante, Anne-Marie Turcotte a toujours entretenu un rapport très personnel avec la langue et le territoire. Après des études en création littéraire à l’Université de Québec à Rimouski (UQAR), où elle s’est intéressée à la représentation du territoire régional dans les œuvres du néoterroir, elle poursuit aujourd’hui sa passion pour la langue française au Manitoba. Installée à Winnipeg depuis plus de quatre ans, elle s’investit pleinement dans l’enseignement et la création littéraire. Pour elle, vivre et écrire en milieu minoritaire est un acte de conscience.
« Ce n’est pas parce qu’on est en majorité que la langue est protégée. Lire et écrire sont les meilleures façons de faire vivre la langue », avance-t-elle.
Fidèle à ses racines et ouverte à d’autres horizons, Anne-Marie travaille déjà sur l’écriture d’un deuxième roman, cette fois inspiré de sa nouvelle vie dans l’Ouest canadien.
« Le manuscrit de mon deuxième roman est maintenant en réécriture. J'espère une publication d'ici 2027. À suivre... », conclut-elle avec enthousiasme.
En plus de ses fonctions à l’USB, Anne-Marie Turcotte collabore à titre d’évaluatrice de manuscrits avec La Bonne Mine, une entreprise de services-conseils pour auteures et auteurs, et publie régulièrement des nouvelles dans diverses revues telles que Caractère, Laïus ou Le Crachoir de Flaubert.
Le parcours d’Anne-Marie Turcotte illustre la force tranquille des voix émergentes du néoterroir, qui sont capables de faire vibrer les mémoires et les paysages intérieurs.
Prix littéraire Portage-UMCE1
Établi par le Salon du livre d’Edmundston (SLE) et l’Université de Moncton, campus d’Edmundston (UMCE), le Prix littéraire Portage-UMCE est décerné cette année pour la première fois.
Ce prix reconnait une œuvre littéraire ancrée dans le territoire afin de promouvoir et récompenser l’excellence littéraire, positionner le SLE et l’UMCE comme des piliers du développement des littératures francophones de l’est du Canada et favoriser l’engagement de la communauté du nord-ouest du Nouveau-Brunswick dans la vitalité de la littérature.