PROFILS | Publié : mars 2021
Une approche multifoi
Sœur Norma McDonald (droite) accompagnée de Christian Perron lors d'une soirée de reconnaissance des membres du personnel en 2017.
Ancienne animatrice de pastorale à l’Université de Saint-Boniface (USB), sœur Norma McDonald reçoit le prix Alexandre-Taché de 2020 pour sa contribution à la communauté francophone du Manitoba et sa participation au rayonnement de celle-ci à l’étranger.
Norma McDonald est originaire de Vancouver-Nord. Durant son baccalauréat en éducation à l’Université de la Colombie-Britannique, elle ressent l’appel de la vocation religieuse et entre chez les Sœurs de Sainte-Croix. Elle a alors 21 ans. D’abord enseignante en Alberta, c’est à 26 ans que sœur Norma décide d’apprendre le français. En effet, les Sœurs de Sainte-Croix, dont la maison-mère est au Québec, ont une histoire francophone. « L’apprentissage du français m’apparaissait incontournable. » Elle effectue une immersion française à Mont-Laurier, où elle prononcera ses vœux permanents.
En 1987, elle s’installe au Manitoba. Elle travaille d’abord à l’école Lagimodière de Lorette, puis au Collège Louis-Riel de Saint-Boniface. En 1993, l’abbé Robert Campeau l’approche pour lui demander de diriger le Service d’animation de pastorale du Collège universitaire de Saint-Boniface. Durant presque 25 ans, sœur Norma aura accompagné l’épanouissement spirituel de plusieurs centaines de jeunes, favorisant la croissance de chacun.
Au départ, les étudiants de sœur Norma sont surtout des Franco-Manitobains catholiques. Mais l’arrivée d’étudiants internationaux et d’immersion, au tournant des années 2000, change la donne. Sœur Norma embrasse ce changement avec enthousiasme, intégrant chrétiens de confessions diverses, musulmans, agnostiques et non-croyants à ses activités, contribuant à l’harmonie générale sur le campus. Et pour sœur Norma, rien de mieux que de rassembler tout le monde autour d’un projet commun : l’aide aux démunis.
La justice sociale a toujours été au cœur des projets pilotés par sœur Norma. Ses efforts l’ont menée à trouver un partenaire partageant sa vision dans l’organisme Développement et Paix avec qui elle a préparé de nombreux voyages humanitaires, que ce soit au Mexique, au Pérou, au Mali ou en Haïti. « Grâce à ces voyages, sœur Norma s’est distinguée à l’extérieur du Manitoba tout en honorant ses compatriotes, souligne la rectrice Sophie Bouffard. Il est incroyable de voir la diversité de personnes – ancien étudiant musulman d’Afrique, professeurs de littérature ou de sciences et même employé du service informatique – qui ont uni leurs voix pour présenter sa candidature au prix. »
Ces voyages ont favorisé un cheminement qui a intensifié l’engagement de sœur Norma au Canada. « Il y a des injustices à réparer chez nous aussi. Enfant, je me suis liée d’amitié avec mes camarades de la Première Nation Skwxwú7mesh (Squamish) qui m’ont fait découvrir leur culture. J’ai repensé à ces jeunes et à tous les Autochtones du pays, victimes de discrimination depuis des siècles. » Elle met sur pied, entre autres, le projet RéconciliACTION, grâce auquel des étudiants et des membres du personnel tissent des liens avec la communauté autochtone de Hollow Water, au Manitoba, et avec des nations autochtones près de Tofino, sur l’ile de Vancouver.
Sœur Norma reçoit le prix avec beaucoup d’humilité. « Je n’ai rien accompli toute seule. C’est le principe de mes actions : nous sommes tous ensemble. Ce fut un privilège de voir ces jeunes foncer, prendre des risques pour faire le bien. » Aujourd’hui retraitée, elle demeure très active au sein de la communauté, notamment à titre de présidente du conseil d’administration de Returning to Spirit, un organisme qui rapproche les allochtones des Autochtones, et de partenaire du Clan Mothers Healing Village qui vient en aide aux femmes violentées et victimes de sévices sexuels. Elle est également la responsable du secteur de l’Ouest canadien des Sœurs de Sainte-Croix.
Sœur Norma a reçu plusieurs distinctions, dont la Médaille du jubilé de diamant de la Reine Elizabeth II pour son dévouement à la collectivité, et l’hommage « Des FEMMES qui ont inspiré notre histoire » de Développement et Paix.
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