PROFILS | Publié : septembre 2022
Réconciliation : place à la sagesse des Ainés

Le Réseau des Ainés est officiellement lancé dans le cadre de la semaine de la vérité et de la réconciliation.
Dans sa quête pour cultiver un environnement accueillant, sain et propice à l’épanouissement et à la réconciliation, l’Université de Saint-Boniface (USB) est fière de mettre sur pied une initiative qui offrira aux gens sur le campus un accès direct à la sagesse d’un réseau d’Ainés métis.
Dans les communautés autochtones, on réserve le titre d’Ainé aux personnes qui ont acquis, au fil des ans, une connaissance approfondie des enseignements traditionnels, des cérémonies ou encore des pratiques culturelles, et une sagesse qui leur permet de partager leurs connaissances avec d'autres.
Au total, cinq Ainés et Ainées accorderont de leur temps par leur présence à l’USB tout au long de l’année scolaire, chacun et chacune désirant apporter sa propre saveur au projet.
Afficher fièrement son identité
Femme pétillante au cœur généreux, Paulette Duguay est très heureuse de faire partie de ce projet, soulignant qu’elle a beaucoup à partager. « C’est bien que l’USB ait invité des grands-parents, affirme-t-elle. On a beaucoup d’expérience, on peut offrir une différente perspective aux étudiants, apporter une autre dimension à toutes sortes de questions. »
Native de Saint-Boniface, Paulette Duguay contribue à l’Union nationale métisse Saint-Joseph du Manitoba (UNMSJM) depuis 2008. Contrairement à sa mère, elle n’a jamais souffert d’être Métisse. « On réclame notre place, notre fierté parce que c’est notre droit comme n’importe qui d’autre d’être fier de qui nous sommes. »
Paulette cherche à accompagner ceux et celles qui désirent s’identifier en tant que Métis, tout en demeurant tout ouïe. « C’est important pour moi de ne pas porter de jugement sur les étudiants et d’être à l’écoute. Ils vivent des années très accablantes. Ils ont de grosses décisions à prendre et j’espère pouvoir les aider du mieux que je peux. »
Grand-mère métisse de la Rivière-Rouge
Selon Dolorès Gosselin, le terme ainée ne lui correspond pas parfaitement, mais la raison d’être du Réseau des Ainés lui convient très bien. Dolorès s’identifie plutôt comme une grand-mère, qui pour elle a un sens particulier. « Ce n’est pas nécessairement parce que tu as des petits-enfants que tu es une grand-mère, dit-elle d’un ton souriant. Être grand-mère, c’est avoir une certaine sagesse et un talent précis. »
Métisse et citoyenne de la Nation métisse de l’Ile de la Tortue, Dolorès Gosselin est une raconteuse qui pratique le tambour. Elle anime d’ailleurs des cérémonies pour ceux et celles qui souhaitent retrouver la paix et la sérénité. Détentrice d’une maitrise en éducation du Collège de Saint-Boniface, elle prend plaisir à partager ses connaissances et son histoire, car, selon elle, « ces leçons de vie permettent de trouver des façons d'interagir avec l’environnement et de devenir meilleur. »
Dolorès souhaite transmettre son héritage métis à la prochaine génération. « Je veux transmettre la beauté de la culture autochtone. C’est une culture qui respecte la terre et la nature. »
L’USB, une machine à remonter le temps
Participer au Réseau des Ainés permet, entre autres, à Paul Desrosiers de se remémorer des souvenirs de son temps passé comme élève au Collège de Saint-Boniface. En effet, son retour sur le campus lui a donné l’occasion de reproduire une photo datant de 1950, un voyage dans le temps qui évoque chez lui de beaux moments nostalgiques de son parcours au Collège.
Enseignant à la retraite ayant plus de 30 années d’expérience à son dossier, Paul a la transmission des connaissances à cœur. Issu d’une famille de chasseurs, Paul pratique la chasse au vol depuis plus de 20 ans, « La fauconnerie, c’est l'art de capturer une proie sauvage dans son milieu naturel au moyen d’un oiseau de proie dressé à cet effet. » Il a consacré son temps libre à cultiver cette passion pour les oiseaux de proie : « Il faut être très vite et avoir de bonnes habiletés physiques pour attraper un oiseau de passage en nature. Une fois l’oiseau attrapé, on peut commencer l’affaitage, et puis chasser avec votre nouveau compagnon! » Bien sûr, avec son âme d’enseignant, il ressent le besoin de transmettre cette grande passion pour la chasse à ses futurs descendants.
Paul apprécie avant tout chez les étudiants leur soif d’apprendre. En effet, tout au long de sa carrière, il se rendait disponible pour ses élèves, offrant chaque semaine des séances de tutorat après la classe. Un échange de son temps pour des souvenirs précieux. « Il ne faut pas abandonner ceux qui veulent apprendre, il faut prendre le temps nécessaire pour accompagner les étudiants. »
À la découverte d’un riche patrimoine
C’est à l’USB que David Dandeneau a obtenu son baccalauréat ès arts et son certificat en éducation, avant d’y revenir pour établir le Bureau de développement ainsi que l’Association des anciens et anciennes (devenu le Réseau des diplômés), un séjour professionnel qui a duré 20 ans. « Une grande partie de mon expérience est ici... J’ai eu la chance de connaitre la culture universitaire et de connaitre l’ascension de l’Université. »
Originaire de Fisher Branch au Manitoba, David Dandeneau a fréquenté le Collège de Saint-Boniface alors qu’il connaissait très peu la langue française et qu’il ignorait encore l’existence de ses ancêtres francophones. Malgré la discrimination vécue par les francophones à cette époque, David s’est assimilé volontairement à la communauté et a appris le français. Dans ses souvenirs, son père lui mentionnait qu’il avait des racines non seulement francophones, mais aussi métisses. Pour David, à l’époque, cela n’avait pas une grande signification.
Aujourd’hui, David a confiance qu’il pourra bien transmettre ses connaissances sur l’autochtonie à la population étudiante et aux membres du personnel, et bien sûr les accompagner dans la conquête de leurs origines. « Il y a des choses que nous pouvons mettre en place ici pour aider les gens à découvrir leur héritage familial. »
Cheminer vers la réconciliation
Dans une démarche respectueuse et authentique, l’USB continue de miser sur le dialogue et l’apprentissage comme outils pour cheminer vers la réconciliation francophone-autochtone. Pour en apprendre davantage sur les efforts de l’USB en matière de réconciliation, visitez ustboniface.ca/reconciliation.