Après près de deux décennies d’engagement au sein de l’Université de Saint-Boniface (USB), David Alper, directeur de l’École de travail social, boucle sa carrière. Figure incontournable en travail social, il laisse derrière lui un bagage d’expériences variées et de combats pour la justice sociale, tant dans le domaine universitaire que communautaire.
Un parcours universitaire et professionnel aux multiples facettes
Diplômé d’un baccalauréat en histoire et langues modernes de l’Université Concordia à Montréal, David Alper a œuvré pendant près de douze ans dans le milieu social montréalais.
« Notre travail ne se limitait pas qu’à la lutte contre l’insécurité alimentaire par la distribution de paniers de provisions et de repas à cout modique. Il s’agissait aussi de mobiliser les bénéficiaires afin que ces personnes revendiquent leurs droits sociaux, notamment le droit au logement », explique-t-il.
Quelques années plus tard, David décide de poursuivre sa carrière à Chicago afin d’enrichir son parcours professionnel en travaillant dans les soins à domicile dans des communautés défavorisées du West Side. En 2004, il décroche une maitrise en travail social au Jane Addams College of Social Work de l’University of Illinois à Chicago, avant de s’établir dans la capitale manitobaine.
Avant de se joindre l’USB, David a exercé à l’Hôpital Saint-Boniface, notamment à l’unité de médecine familiale où il a élaboré et coordonné un projet pilote en soins gériatriques.
Son engagement social se manifeste dès son arrivée à Winnipeg alors qu’il rejoint le conseil d’administration de la John Howard Society du Manitoba, apportant une expertise axée sur la justice réparatrice auprès des personnes judiciarisées.
Un militantisme au service de l’enseignement
En 2007, David Alper joue un rôle clé dans la mise en place du programme en travail social à l’Université de Saint-Boniface, d’abord en tant que chargé de cours. L’année suivante, il obtient un poste de professionnel enseignant, amorçant ainsi une longue carrière à l’USB. Dès les premières années, il contribue activement à l’élaboration du programme, veillant à y intégrer des enjeux sociaux cruciaux tels que la justice sociale, les droits de la personne et la décolonisation.
Son expérience de terrain et son activisme l’amènent à mettre sur pied une formation ancrée dans la réalité des communautés et adaptée aux défis contemporains du travail social. Alliant théorie et pratique, son approche pédagogique encourage les étudiantes et étudiants à s’impliquer activement dans leur milieu, favorisant ainsi un apprentissage concret et l’engagement des étudiantes et étudiants.
« Le programme de travail social est devenu un véritable incubateur de mobilisation sociale, observe David. Les étudiantes et étudiants ont notamment pris part à des initiatives promouvant les droits de la communauté 2SLGBTQ+, l’équité des genres ainsi que la vérité et la réconciliation. »
Cette culture de mobilisation a trouvé l’une de ses expressions les plus marquantes dans la création du centre d’apprentissage et de garde d’enfants Espace pour grandir, un projet que David Alper a soutenu avec conviction. Il a notamment joué un rôle clé pour établir des ponts entre les étudiantes et étudiants, l’administration et les partenaires communautaires, en accompagnant les personnes étudiantes tout au long de leur campagne de revendication pour un service de garde éducatif à l’USB. Sensible aux enjeux d’équité et aux réalités vécues par les parents, David a reconnu rapidement le potentiel transformateur de cette initiative étudiante. Grâce à son appui indéfectible, les démarches du Comité garderie de l’Association étudiante de l’Université de Saint-Boniface ont gagné en crédibilité et en portée, mobilisant l’ensemble de la communauté universitaire autour de ce projet structurant, qui a ouvert ses portes en 2021.
En 2024, David prend la direction de l’École de travail social, poursuivant son engagement envers l’excellence universitaire et la formation d’une relève consciente des enjeux sociaux. Sous sa gouverne, le programme continue d’évoluer afin de répondre aux réalités changeantes du travail social, notamment en renforçant les liens avec les organismes communautaires et en intégrant des perspectives critiques sur les inégalités systémiques.
« Les droits de la personne et la justice sociale sont au cœur de notre engagement. Enseigner, c’est transmettre cette passion pour le changement social et accompagner ceux qui souhaitent agir au sein de leur communauté », explique-t-il, rappelant ainsi les raisons qui l’ont conduit à orienter sa carrière vers l’USB.
Parallèlement à ses activités pédagogiques, le professeur a également participé à plusieurs conférences publiques, accordé de nombreuses entrevues aux médias sur des questions sociales, et siégé pendant quatorze ans au Conseil de direction du syndicat professoral, l’Association des professeur.e.s. et professionnel.le.s de l’Université de Saint-Boniface (APPUSB). Ces engagements parascolaires ont permis d’enrichir le débat public et de contribuer à l’amélioration des conditions de travail et à la démocratisation des lieux de travail.
Un nouveau chapitre à écrire
Le départ à la retraite de David est l’occasion pour lui de célébrer un parcours exemplaire, guidé par la passion et la volonté de faire une différence.
Alors qu’il se prépare à retourner vivre à Montréal, David souhaite profiter de cette nouvelle étape de sa vie pour continuer à œuvrer dans le domaine social. Il conclut avec optimisme : « Malgré les défis du monde actuel, je demeure convaincu que le changement passe par l’engagement collectif. Nos étudiantes et étudiants, forts de leur diversité et de leur détermination, assurent déjà la relève pour un avenir meilleur. »
Son dévouement inépuisable laisse une trace profonde à l’USB et dans la francophonie du Manitoba.