Vol. 5, no 2, automne 1993, p. 253-284
La complétude institutionnelle et la vitalité des communautés fransaskoises en 1992
par
Wilfrid B. Denis
St. Thomas More College
University of Saskatchewan
Saskatoon (Saskatchewan)
RÉSUMÉ
La survie de communautés minoritaires préoccupe autant les milieux universitaires que les politiques. Habituellement, les minorités linguistiques sont soumises au double processus d'intégration et d'assimilation. Ces rapports entre groupes linguistiques ont toujours intéressé la sociologie au Canada depuis ses débuts. La survie de ces groupes dépend en partie de l'éventail d'institutions qu'ils se donnent et du nombre de domaines d'activités dans la langue minoritaire. Cet aspect de communauté minoritaire se reflète dans le concept de «complétude institutionnelle» auquel s'ajoutent d'autres dimensions, telles que la vitalité communautaire. Ces deux dimensions permettent de mettre l'accent sur les caractéristiques propres aux groupes qui survivent et à ceux qui disparaissent. Notre étude analyse la complétude et la vitalité des communautés fransaskoises à partir de données recueillies en 1992. Le taux de perte linguistique pour chaque communauté s'établit à partir des données sur la langue maternelle et la langue au foyer recueillies à l'occasion du recensement de 1986. Les données sur la complétude institutionnelle et la vitalité permettent de distinguer les communautés fortes des faibles. L'hypothèse que les communautés fortes ont un meilleur accès aux ressources publiques que les communautés faibles est vérifiée en utilisant les états financiers du Secrétariat d'État. Notre analyse montre que d'autres facteurs que la complétude et la vitalité influencent l'octroi de ses fonds.
ABSTRACT
The survival of minority communities is of both political and academic concern. Usually these communities are subjected to the dual processes of assimilation and integration. The subsequent relationships between linguistic groups has always been of great interest to Canadian sociology. The survival of minority groups depends to a large extent on the range of institutions and the number of domains of activity in the minority language. This aspect of minority communities is captured in the concept of institutional completeness to which other dimensions such as community vitality have been added. By using these two dimensions, it is possible to identify important differences between communities which survive and those which disappear. Our study analyses the institutional completeness and the vitality of Francophone communities in Saskatchewan based on 1992 data. Rates of language loss are calculated for each community on the basis of census data on mother tongue and home language. Data on institutional completeness and vitality allow us to distinguish strong from weak communities. The hypothesis that the stronger communities will have a greater access to public resources is verified on the basis of data from the Secretary of State. Our study allows us to identify factors other than institutional completeness which influence the allocation of public resources.