Vol. 5, no 2, automne 1993, p. 195-252

 

L'incidence de l'État canadien dans la formation des groupes de revendication minoritaires:
l'exemple de Réseau et de Pluri-elles

par

Jean Lafontant
Collège universitaire de Saint-Boniface
Winnipeg (Manitoba)

RÉSUMÉ

Dans cet article, l'auteur décrit, avec les catégories de la théorie sociologique dite de la mobilisation des ressources, l'émergence de deux organisations féminines franco-manitobaines. Il montre en particulier, à l'aide de notions telles que les réseaux de communication, le processus d'institutionnalisation de l'action, la disponibilité relative des ressources financières et sociales et l'éventuelle compétition à cet effet des organisations, ce que cette émergence doit, d'une part, à l'histoire particulière du Manitoba français et, d'autre part, à la présence du Secrétariat d'État du Canada dans les affaires des francophones hors Québec. L'auteur interprète cette émergence à l'aide des propositions de la théorie politicologique dite du néocorporatisme ou corporatisme sociétal, qu'il perçoit être le complément de la théorie de la mobilisation des ressources sur le plan d'une compréhension des rapports entre la société civile et l'État dans la phase actuelle de capitalisme.

ABSTRACT

The emergence of two French-Manitoban women's organizations is described by the author using the «resource mobilization» sociological theory categories. Based on such ideas as communication networks, the process of institutionalisation of action, the relative availability of financial and social resources, and possible competition for these resources between the organizations, the author describes what this emergence owes to the particular history of French Manitoba, on the one hand, and to the involvement of the Secretary of State in the affairs of Francophones outside Québec, on the other. The author interprets the emergence by referring to the propositions of the «neocorporatism» or «societal corporatism» political science theory, which he perceives as being complementary to the resource mobilization theory from the perspective of understanding the relationships between the civil society and the State in capitalism's current phase.