Vol. 32, no 2, 2020, p. 253
Rossel Vien, énigmatique précurseur de la Révolution tranquille
par
Raymond-M. HÉBERT
RÉSUMÉ
Dans cet article, je mets en lumière le côté avant-gardiste de Rossel Vien, Métis (comme il se serait défini fièrement), mais officiellement Montagnais. Son esprit frondeur avait commencé avec son Histoire de Roberval et cet aspect rebelle de sa personnalité se poursuivit tout au long de sa vie, que ce soit dans ses nouvelles dans les Écrits du Canada français ou dans ses textes journalistiques. Je m’attache à montrer que notre jeune nouvelliste, en dépit de son écriture parfois déroutante, faisait partie des sommités littéraires québécoises des années 60 et 70, au même titre que des écrivains aussi connus que Jacques Ferron ou Gabrielle Roy. J’aborde la question du choix de l’anonymat par Rossel – Gilles Delaunière est son premier pseudonyme – et explique les raisons qui l’ont poussé dans cette voie qui a eu comme conséquence fâcheuse qu’il ne fut jamais un auteur reconnu de son vivant sous son nom réel, bien que sa véritable identité ait été sue dans les milieux prestigieux de l’édition montréalaise. La fuite faisait ainsi partie de l’existence même de Rossel Vien. Exilé en quelque sorte de manière permanente au Manitoba où il a passé une grande partie de sa vie adulte, c’est à Saint-Boniface qu’ont éclos les œuvres de la maturité, sous un nouveau pseudonyme, Gilles Valais. J’analyse la réception partagée de ces textes ancrés dans une écriture post-moderne, mais qui s’inspirent grandement des expériences personnelles de Rossel Vien. Aussi est-ce par les liens inépuisables entre sa vie et son œuvre que je termine.