Vol. 30, no 1, 2018 p. 103

 

Vers la reconnaissance de l’engagement des parents anglophones à l’école francophone en Colombie-Britannique

par

Catherine LEVASSEUR

RÉSUMÉ

En milieu francophone minoritaire canadien, l’école a pour mission non seulement d’instruire les élèves mais aussi de les socialiser en tant que futurs membres de la communauté francophone (Gérin-Lajoie, 2004; Landry, Allard et Deveau, 2010; Magnan et Pilote, 2007). Or, cette volonté de protéger et de reproduire un espace francophone fait ressurgir plusieurs questions: à qui s’adresse l’école francophone et quelle place peut-on/doit-on y faire aux parents anglophones?

Dans le contexte vancouvérois, il arrive souvent que des parents d’élèves à l’école francophone ne parlent pas ou peu le français. Alors que certains choisissent de se faire discrets, plusieurs autres décident de s’engager dans la vie scolaire de leurs enfants. Cet engagement peut prendre différentes formes: aide aux devoirs, bénévolat, présence au sein des comités de parents, etc. La présence et l’implication des parents anglophones à l’école francophone suscitent toutefois la controverse et peuvent devenir une source de tension entre le personnel scolaire et les familles.

Ancré dans le champ de la sociolinguistique critique (Heller, 2002), cet article est basé sur les résultats d’une enquête ethnographique menée en milieu scolaire. Il présentera les discours tenus par des parents et des membres du personnel d’une école francophone de la région de Vancouver à propos de l’implication des parents anglophones à l’école. Il y sera question non seulement des défis mais aussi des efforts qui sont faits dans le but de mieux reconnaitre l’implication des parents anglophones envers la mission de l’école francophone en milieu minoritaire.

 

ABSTRACT

Within Canada’s Francophone minority context, schools have the mission not only to instruct and educate children, but also to socialize them as a new generation of French speakers and members of the Francophone community (Gérin-Lajoie, 2004; Landry, Allard & Deveau, 2010; Magnan & Pilote, 2007). Nonetheless, however, the desire to both protect and reproduce a monolingual Francophone space raises several questions: for example, who are Francophone schools intended for and what can or should be the role of English-speaking parents in them?

In Vancouver, it often happens that the parents of pupils in Francophone schools speak little to no French. Although some decide to remain discreet, many others decide to be fully engaged in their children’s school life. This engagement can take many forms: homework support, volunteering, involvement in parents’ association and committees, etc. The presence and involvement of English-speaking parents in Francophone schools can occasionally lead to controversy and may even create tensions between the school’s staff and families.

Positioned within the field of critical sociolinguistics (Heller, 2002), this article is based on data derived from an ethnographic study undertaken in a school setting. It examines comments made by parents and the staff of a Francophone school in the greater Vancouver area with regard to the involvement of English-speaking parents at the school. It discusses the challenges and efforts involved in better acknowledging the engagement of Anglophone parents in fulfilling the mission of a Francophone school in a minority context.