Vol. 24, nos 1 et 2, 2012, p. 101-118
Maillardville (Colombie-Britannique), du village au cœur symbolique d'un (fragile) réseau francophone
par
Franck CHIGNIER-RIBOULON
Université Blaise Pascal (Clermont-Ferrand, France)
RÉSUMÉ
Dans les ouvrages de géographie, Maillardville (quar-tier de Coquitlam) apparaît bien souvent comme l’implan-tation ultime d’un extrême Ouest canadien. Cette com-munauté, essentiellement bâtie autour d’une scierie, prend forme, au début du XXe siècle, avec l’arrivée de travailleurs, principalement venus du Québec puis, par la suite, des Prairies. La logique d’urbanisation in situ conforte pendant plusieurs décennies la communauté et sa spécificité. Cependant, la croissance et l’étalement de Vancouver, l’immigration, mais aussi la recherche d’autres emplois et les mariages mixtes ont déstructuré une communauté fragile. En 1979, Paul Villeneuve insiste déjà sur l’importance de l’assimilation. Aujourd’hui, la situation est quelque peu paradoxale puisque les francophones sont minoritaires dans le quartier, qu’ils sont même éclatés entre plusieurs municipalités (où ils sont aussi très minoritaires), et que, par ailleurs, l’école de Maillardville a été délocalisée dans la municipalité voisine; pourtant, «l’esprit de communauté demeure», selon Lionel Daneault, interrogé par Florence Debeugny (2009).
ABSTRACT
In geographical works, Maillardville (a neighbourhood in Coquitlam) quite often appears as the final settlement of a Canadian Far-West. This community, built essentially around a sawmill, took shape in the early 20th century with the arrival of workers who came primarily from Quebec, then, later, from the Prairies. For several decades, a logic of in situ urbanization reinforced the community and its specificity. However, growth and expansion from Vancouver—in addition to the need to find work in other fields and the proliferation of mixed marriages—contributed to the deconstruction of a fragile community. In 1979, Paul Villeneuve was already insisting on the importance of assimilation. The situation today is somewhat paradoxical, as French-speakers are now in the minority in the neighbourhood, and indeed are scattered over several different municipalities (where they are also very much in the minority). Moreover, the Maillardville school was relocated to a neighbouring municipality. And yet, “the spirit of the community remains,“ according to Lionel Daneault, interviewed by Florence Debeugny in 2009.