Vol. 18, no 1, 2006, p. 31-43

 

Les voix chaudes du Grand Nord dans l'oeuvre de Gabrielle Roy

par

Anca Mitroi
Brigham Young University
Provo (Utah), USA

RÉSUMÉ

Dans l’œuvre de Gabrielle Roy, tout comme dans beaucoup d’autres romans canadiens, on peut trouver des oppositions nettes entre la nature et la ville, entre le progrès et la vie simple, entre la plaine et la montagne. Chez Gabrielle Roy, ces oppositions semblent être profondément enracinées dans la pensée de Rousseau et donner ainsi préférence à la nature, à la montagne et à la vie simple. Toutefois, une des oppositions rousseauistes, celle entre le Nord et le Sud, entre les langues du Nord et les langues du Sud, même si elle est très présente dans l’œuvre de Gabrielle Roy, se trouve inversée par la romancière canadienne, qui attribue au climat froid et inhospitalier des terres du Nord les qualités du Sud rousseauiste et de ses «langues du Sud». Nous considérons qu’il s’agit là d’une métaphore de sa propre écriture qui établit un dialogue chaleureux et plein de vie entre des gens de différentes langues et cultures.

ABSTRACT

In Gabrielle Roy’s works, like in many other Canadian novels and short stories, one can find clear-cut oppositions between nature and the city, between progress and the simple life, between flat land and mountain. For Gabrielle Roy, these oppositions seem to be deeply rooted in Rousseau’s thinking, giving preference to nature, mountains, and to the simple life. However, one of Rousseau’s oppositions, between North and South, between languages of the North and of the South, although it clearly appears in Gabrielle Roy’s novels and short stories, is reversed by the Canadian writer, who attributes to the cold climate and inhospitable lands of the North the qualities of Rousseau’s South and of his “languages of the South”. We consider that this is a metaphor of her own writing which establishes a warm and lively dialogue between various peoples, languages, and cultures.