Vol. 14, nos 1 et 2, 2002, p. 33-59

 

Un homme-libre se construit une identité: voyage de Joseph Constant au Pas, de 1773 à 1853

par

Carolyn Podruchny
Western Michigan University
Kalamazoo, Michigan (USA)

RÉSUMÉ

Cet essai a pour but d’étudier l’un des nombreux hommes-libres qui se sont installés avec leurs familles dans le Nord-Ouest, et ce, de façon indépendante, où ils ont formé de nouvelles collectivités. Le cas du Métis Joseph Constant est intéressant. Fils d’un voyageur né dans la région des Grands Lacs, il a travaillé dans le commerce des fourrures pendant environ vingt-cinq ans avant de venir s’établir avec sa famille dans ce qui est aujourd’hui le nord du Manitoba. Le parcours suivi par Joseph Constant illustre l’éventail de possibilités qui s’offraient alors aux voyageurs en dehors de la traite des fourrures. Comme la plupart des hommes-libres, Constant va passer d’un milieu culturel à un autre et va même changer d’identité: il sera le Métis, le Canadien français et l’Amérindien. Lui et ses enfants se sont adaptés aux divers systèmes religieux amérindiens et européens, non sans causer des tensions importantes dans les relations familiales. Son histoire en est une de métamorphose culturelle dans un espace liminaire.

ABSTRACT

This essay explores the life of one of the many freemen who lived independantly with their families in the Northwest and formed new communities. In this case, Joseph Constant, a Métis, born of a voyageur in the Great Lakes region, worked in the fur trade about twenty-five years, after which time he settled with his family in what became northern Manitoba. The path followed by Joseph Constant illustrates the range of possibilities for voyageurs to work outside the trade. Like most freemen, Constant passed through many diverse cultural settings, and shifted his idenitity to suit them. In different settings, he could be Métis, French-Canadian, or Indian. He and his children adapted to different Indian and European religious systems, and these tensions fractured family relations. His story is one of cultural change in liminal spaces.