Vol. 14, nos 1 et 2, 2002, p. 7-32

 

Territorialité métisse et cartographie du Nord-Ouest canadien au XIXe siècle:
exploration cartographique et toponymique

par

Étienne Rivard
University of British Columbia
Vancouver (Colombie britannique)

RÉSUMÉ

La reconnaissance officielle des Métis comme peuple autochtone par la Constitution canadienne depuis 1982 rappelle l’incidence de la géographie métisse sur le Canada d’hier et celui d’aujourd’hui. Cet article cherche à rendre compte de cette incidence en examinant la territorialité (la conscience identitaire et territoriale) des Métis dans le Nord-Ouest canadien au XIXe siècle. Malgré que les Métis aient suscité l’intérêt de nombreux chercheurs à ce jour, la territorialité est demeurée, au mieux, une notion secondaire. Il en va de même des deux méthodes d’investigation que nous proposons. La première consiste en une analyse sélective de la cartographie de l’époque et offre un regard colonial et externe de la territorialité métisse. L’avantage de cette analyse repose sur la force de l’image mentale et territoriale que la carte véhicule. La seconde méthode, un regard interne, repose sur une analyse de la toponymie métisse. Moins visuelle, la toponymie offre cependant une perspective davantage nuancée et profonde de la territorialité métisse.

ABSTRACT

Official recognition of the Métis as a native people in 1982, under the Canadian Constitution, reflects the changing influence of Métis geography on Canada in times past and Canada as we know it today. This article seeks to account for this influence by examining the territoriality (sense of identity and territoriality) of the Métis in North-Western Canada in the 19th century. Although the Métis have been studied by a number of scholars, the role of territoriality has remained of secondary interest in such studies. We thus propose two approaches to the issue. The first is to present a selective analysis of the cartography in the 19th century, offering a colonial, external perspective on Métis territoriality. The second, representing an “inside” perspective, is based on an analysis of Métis topography. Although less visual, toponymy permits a more nuanced and more penetrating view of Métis territoriality.