Vol. 12, no 1, 2000, p. 5-28

 

Rapport des écrivains franco-manitobains à la langue française

par

J. R. Léveillé
Winnipeg (Manitoba)

RÉSUMÉ

On pourra s’étonner que la littérature du Manitoba français ait évolué dans un «français standard» plutôt qu’en «franglais», dans une situation minoritaire extrême où les Franco-Manitobains ne composent que 5 % de la population majoritairement anglophone. Il existe néanmoins une utilisation exceptionnelle de la langue anglaise dans cette littérature qui ne relève pas d’un appauvrissement de la langue, mais qui est signe d’un enrichissement de registres par la manipulation des deux codes linguistiques. Par contre, l’usage strict du «bon français» peut parfois témoigner d’une perte linguistique (et culturelle), c’est le cas des Métis qui possédaient leur propre langue, le métchif. C’est ce rapport à la langue française que veut examiner ce survol de la littérature franco-manitobaine, de ses origines à son écriture contemporaine la plus expérimentale.

ABSTRACT

One might be surprised to observe that in an extreme minority situation (5 % of Francophones in an English-speaking population), Franco-Manitoban literature is written in “standard French” and not in an English-contaminated “franglais.” However, one can observe occasional usage of the English language in Franco-Manitoban writing that does not constitute a language loss, but rather an enrichment due to the literary manipulation of both linguistic codes. On the other hand, the strict use of “standard French” might indicate a loss of linguistic (and cultural) values, as is the case with the Métis who possessed their own michif language. This overview seeks to examine this special relationship to the French language that can be found in Franco-Manitoban literature from its beginnings right through to contemporary writing.