Vol. 11, nos 1 et 2, 1999, p. 175-181
La femme dans les romans de Georges Bugnet
par
Jocelyne Verret
Edmonton (Alberta)
RÉSUMÉ
Les trois romans de Bugnet, Le lys de sang, Nipsya et La forêt, présentent un portrait de la femme qui correspond au seul rôle que la société du début du XXe siècle lui accordait. L’auteur est fidèle à la réalité, une réalité qui réserve le beau rôle aux hommes et qui valorise leurs qualités. Ceux-ci sont explorateurs, aventuriers, forts, braves, etc. La femme, elle, se doit d’être belle et de se taire à moins que l’on ne lui adresse la parole. Si elle est moins belle mais qu’elle sache se ranger dans l’ordre établi, l’auteur lui trouvera des qualités. Si elle ose déroger aux coutumes, le malheur ne tardera pas à s’abattre sur elle. Dans les romans de Bugnet, la femme sera soit noble et pure soit aventurière et source de perdition de l’homme. La morale chrétienne austère et rigoureuse, influencée par la pensée janséniste, fait partie de la formation de Bugnet; ses romans empruntent un ton moralisateur, surtout à l’égard de la femme. Bugnet brosse un portrait réaliste de la vie des femmes au début du XXe siècle, un portrait qui fait grincer des dents toute personne qui se dresse contre l’utilisation du principe de deux poids, deux mesures.
ABSTRACT
Bugnet’s portrayal of Woman in his three novels Le lys de sang, Nipsya and La forêt, is faithful to society’s expectations of her at the beginning of the twentieth century. He depicts a reality where men dominate, where their endeavours receive approbation: they are explorers, adventurers, strong, brave, etc. Woman, on the other hand, must be beautiful and silent unless spoken to. Indeed, if she knows her place, she will receive a favourable review even if she is on the plain side. However, if she dares to defy established customs, it will not be long before fate punishes her. In Bugnet’s novels, woman will either be pure of heart and noble or adventuresome and the cause of man’s damnation. Jansenism, and its austere and rigorous Christian morality, was an integral part of Bugnet’s upbringing: hence, his novels have a moralising tone, especially with regard to women. The author’s realistic portrayal of women and their lives at the turn of the century makes readers who object to the double standard cringe.