PROFILS | Publié : novembre 2019
Place au français : épistémologie de l’histoire
Patrick Noël, professeur d'histoire à l'Université de Saint-Boniface.
Patrick Noël, professeur adjoint à l’Université de Saint-Boniface (USB), a toujours été intrigué par les fondements théoriques de la connaissance historique. « L’histoire m’a toujours intéressé, mais ce qui me passionne vraiment, c’est de comprendre comment on parvient à connaitre le passé. »
Après avoir obtenu un baccalauréat en arts avec spécialisation en histoire, il fait une maitrise, puis un doctorat en histoire, avec spécialisation en épistémologie. Son sujet de thèse : Épistémologie, histoire et historiens.
« L’épistémologie, c’est l’analyse des savoirs scientifiques. En épistémologie de l’histoire, la majorité des chercheurs sont anglophones. Pour ma thèse, la plupart de mes ressources n’existaient qu’en anglais. Or, je trouve important de parler de ce sujet en français. »
Comme Patrick Noël l’a souligné, les ressources manquent en français. C’est pourquoi le professeur travaille actuellement sur sa thèse en vue d’une publication, ce qui offrirait une nouvelle ressource en français.
En parallèle, Patrick Noël écrit et publie, principalement en français. « Pour moi, c’est vraiment important de conserver le français et de montrer qu’on fait de la bonne science en français aussi. Il n’est pas nécessaire d’écrire en anglais pour être bon. Et ça fait rayonner l’USB. »
Au cours des derniers mois, Patrick Noël a notamment publié trois articles, dont deux en français et le troisième en anglais, en collaboration avec le chercheur Van Troi Tran. Tous les trois avaient un point commun : l’épistémologie de l’histoire.
Dans « L’histoire et son épistémologie. Défense et illustration d’une reconstruction rationnelle de l’épistémologie de l’histoire », paru dans la revue arbitrée Science et esprit, Patrick Noël tente de reconstruire le développement de l’épistémologie de l’histoire comme domaine de recherche depuis le 19e siècle.
« Mon article s’articule autour d’une conception diachronique de l’épistémologie de l’histoire. Je définis quatre axes : la philosophie critique, la philosophie analytique, le narrativisme et l’épistémologie naturalisée. »
Son article « L’héritage du postmodernisme en histoire : réflexions sur le rapport des historiens à l’exercice épistémologique », paru dans la Revue de l’Université de Moncton, traite quant à lui du rapport historique du métier d’historien à la réflexion épistémologique.
« Dans ma thèse, je soutiens que le postmodernisme a changé le rapport de l’historien à l’épistémologie. C’est sous l’impulsion postmoderne que ces derniers se sont mis à souligner l’importance de l’épistémologie dans la discipline historique. »
Enfin, l’article coécrit « For an Anthropology of Historians », paru dans la revue Ethnologies, traite du métier d’historien en soi. « L’article aborde ce que font les historiens, et comment était produite la connaissance dans le passé. Nous avons même mené une série d’entretiens avec des historiens sur leur métier, un peu comme on le faisait il y a 40 ans en études sur la science. L’objectif est d’examiner comment les historiens transforment le passé en connaissance historique. »
Ces trois textes publiés de Patrick Noël ont donc la même visée : faire connaitre l’épistémologie de l’histoire, et en apporter une meilleure compréhension. Deux autres articles sur l’épistémologie paraitront dans un futur proche.
En outre, Patrick Noël aura bientôt la charge d’un cours sur l’épistémologie de l’histoire à l’USB.
Également président de l’Acfas Manitoba, organisation qui lutte contre l’homogénéisation des publications scientifiques en anglais, le chercheur termine en disant : « J’ai parfois l’impression d’être comme un passeur entre la recherche en anglais et en français dans le domaine de l’épistémologie de l’histoire. »
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