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Une passion pour les mots

Le système éducatif franco-manitobain n’aurait pas le même visage aujourd’hui sans le travail et la passion d’Origène Fillion. C’est un véritable pionnier de l’éducation en langue française au Manitoba qui a ainsi reçu le 4 juin dernier le Prix Alexandre-Taché. Cette reconnaissance pour l’œuvre d’une vie a été accordée par le Bureau des gouverneurs de l’Université de Saint-Boniface.

photo : William Sineux« Recevoir ce prix de la part de l’Université de Saint-Boniface est un véritable honneur pour moi, car j’ai pour l’établissement un attachement sans bornes », déclare Origène Fillion.

 

En effet, Origène Fillion a d’abord été étudiant de 1943 à 1951 au Collège de Saint-Boniface, puis l’un des fondateurs et le premier directeur de l’Institut pédagogique du Collège de Saint-Boniface jusqu’en 1981, aujourd’hui devenu la Faculté d’Éducation.

En plus de jouer ce rôle significatif à l’Université, Origène Fillion a été un défenseur de la langue française et de l’enseignement en français dans les écoles du Manitoba. Dans un premier temps, il travaillé en coulisses en 1970 pour que la Loi 113, qui permettrait à nouveau l’enseignement en français dans les écoles publiques, voie le jour. Lorsque ce rêve est devenu réalité, Origène Fillion a contribué à la mise sur pied d’un réseau d’écoles de langue française et du Bureau de l’éducation française (BEF).

« Après avoir fait un travail dans l’ombre, en faisant circuler des pétitions pour que la Loi 113 soit adoptée, j’ai tout de suite voulu exploiter nos nouveaux droits et notre liberté d’enseigner en français, explique Origène Fillion. J’ai ainsi contribué à la mise sur pied des premières écoles francophones, comme les écoles Taché, Provencher, Lacerte et Louis-Riel. Il m’était insupportable de vivre dans un contexte où le français était hors la loi. »

« Dans ma jeunesse, j’ai appris le français de façon illégale, confie-t-il. Ce sont les jésuites qui m’ont tout appris, qui m’ont transmis leur passion pour la langue en faisant de nombreux sacrifices et en prenant de nombreux risques pour nous enseigner le français. C’est ce même amour pour la langue qu’ils m’ont transmis qui m’anime et qui a été mon moteur toute ma vie pour réaliser tout cela ».

« Lorsque les inspecteurs venaient dans les classes, nous devions cacher nos livres, se rappelle-t-il. Cette injustice m’a vraiment marqué lorsque j’étais jeune et c’est aussi cela qui m’a donné envie de me battre pour faire vivre ma langue. Et pour la faire vivre, l’éducation en français est le meilleur outil, pour rappeler aux jeunes et aux futures générations que le français est l’une des premières pierres du Manitoba », affirme ne Origène Fillion.

Le Prix Alexandre-Taché a donc récompensé l’ensemble de la contribution d’Origène Fillion à sa communauté. Cet homme dynamique a aussi participé activement à diverses associations dont les Chevaliers de Colomb. Il a également présidé la section française de la corporation Villa Maria ainsi que la Commission scolaire de P. S. Holdings Ltd. Et il continue aujourd’hui à se dévouer pour les autres en s’engageant auprès des personnes dans le besoin. « À la retraite, mon nouveau combat est la solitude des personnes âgées. Je travaille bénévolement au Centre Taché, car j’ai très à cœur la santé spirituelle de ma communauté », conclut Origène Fillion.

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