PROFILS | Publié : avril 2022

Obtenir son diplôme sans fouler le campus

Corinne Young, finissante du diplôme en gestion du tourisme.

Corinne Young a commencé son programme en gestion du tourisme à l’automne 2020
alors que le campus était complètement fermé. 

Avec la pandémie de COVID-19, plusieurs étudiantes et étudiants de l’École technique professionnelle de l’Université de Saint-Boniface obtiendront leur diplôme en juin 2022 sans avoir jamais mis l’orteil sur le campus. Portrait d’une tenace cohorte « pandémiale ».

Entièrement fermé en mars 2020, le campus de l’Université de Saint-Boniface a rouvert ses portes, à l’automne 2021, à environ 35 % de la population étudiante. En janvier 2022, avec la montée d’Omicron, seuls les simulations et laboratoires de sciences, santé et sciences infirmières sont restés offerts.

Bref, certains programmes de l’École technique professionnelle, notamment, ont toujours reposé à 100 %, en ces temps d’urgence sanitaire, sur l’éducation à distance. La durée de ces programmes étant de deux ans, les étudiantes et étudiants ayant commencé leurs études à l’automne 2020 obtiendront leur diplôme en juin 2022… en n’ayant jamais foulé le campus!

Mélanie Cwikla, directrice de l’École technique et professionnelle, leur lève son chapeau : « Ils ont tenu bon! Ils ont un grand mérite. Ce n’était pas facile. Entre autres, le réseautage est très important dans ces programmes. » Elle tient à souligner que malgré la distance, aucune concession n’a toutefois été faite quant à la qualité de l’enseignement, la réussite des étudiants et la préparation au monde du travail.

Adaptation difficile

Pour Kacou Coffie, étudiant au diplôme en administration des affaires, l’adaptation ne fut pas facile. « La distance a détruit les interactions sociales. La Côte d’Ivoire, d’où je viens, est un pays chaleureux et hospitalier; le contact humain est un mode de vie. Je me suis retrouvé enfermé, loin. Heureusement que j’habite avec mon cousin! »

En très peu de temps, il a eu beaucoup à gérer, dont l’obligation de mieux s’équiper en informatique… tout en poursuivant ses cours. « J’étais habitué au contact avec le crayon et le papier. Tout d’un coup, tout était à l’ordinateur. Et passer toute la journée à l’écran a entraîné de sérieuses perturbations de mon sommeil. Je ne dormais jamais au bon moment! »

La Franco-Manitobaine Corinne Young a commencé son programme en gestion du tourisme à l’automne 2020 alors que le campus était complètement fermé. « La première semaine, ça allait. Mais dès la deuxième semaine, j’avais envie de parler, de socialiser. Jamais je n’aurais imaginé que ça continuerait… et continuerait! En tourisme, l’interaction avec les gens, les visites, les sorties sont essentielles. »

Celle qui a travaillé pour Tourisme Riel comme guide touristique durant trois étés est bien placée pour le savoir. « Mon travail consistait à faire visiter, à pied, le grand quartier de Saint-Boniface. Discuter avec les touristes est une partie fondamentale du travail. »

À l’été 2021, elle a travaillé comme interprète au lieu historique national de Lower Fort Garry, à Saint Andrews. « Je suis très chanceuse d’avoir eu cette expérience pratique. » En effet, car à l’école, tout se passait en ligne. « Nous faisions des voyages virtuels sur Internet, avec des vidéos. Évidemment, ce n’est pas la même expérience. »

Des bienfaits, malgré tout

Mélanie Cwikla remarque que, malgré les embûches, plusieurs bienfaits ont pu découler de l’enseignement à distance. « Pour certains, c’était plus facile en ligne. Ils n’avaient pas de déplacements à effectuer, ce qui a notamment pu faciliter la conciliation école-famille des étudiants adultes de l’ETP. »

Elle mentionne aussi que les étudiantes et étudiants ont pu améliorer leurs compétences en technologies, ce que confirme Kacou : « Je n’étais pas très habile avec l’informatique. J’ai développé ma confiance. Aujourd’hui, je réussis à tout faire moi-même ou presque. »

Selon la directrice, ils ont par ailleurs acquis une grande conscience de l’importance des relations sociales. « Ils savent que pour leur bienêtre mental, ils doivent sortir, socialiser. » Corinne approuve ce constat à sa façon : « Plus que jamais, je sais que je veux travailler en tourisme, car je vois ce qui me manque : les gens, les échanges, les visites! »

Personnel dévoué

Tous soulignent le travail extraordinaire du personnel enseignant.  « Il y a eu une compréhension mutuelle entre les étudiants et les enseignants », déclare Kacou. 

Corinne précise que les professeurs ont été « accommodants » et « généreux ». « Ils comprenaient notre fatigue mentale, ils se souciaient de notre bienêtre. » L’étudiante en tourisme reconnait aussi les efforts qui ont été consacrés à garder la vie étudiante vibrante. Elle y a participé de son mieux, par exemple en visionnant du théâtre des Chiens de soleil… sur Zoom.

Cette vie étudiante, Kacou l’a vécue bien directement. « J’ai participé au maximum d’activités organisées par l’USB afin de combler le manque d’interaction sociale. Avec la troupe de théâtre des Chiens de soleil, j’ai participé à la pièce La crise climatique et moi, ce qui m’a permis de monter deux fois sur scène. J’ai rencontré des gens et je me suis initié à un univers jusque-là inconnu. J’ai participé à des classes de chant ainsi qu'à un concours de talent pour lequel j’ai obtenu le prix du public à deux reprises! Ce fut un véritable défi de réussir à répondre à tous mes engagements simultanés – école, travail à temps partiel, activités culturelles –, mais j'ai vraiment pris du plaisir à le faire. » En mars 2022, Kacou faisait aussi partie de la distribution d’Overlap, une lecture théâtrale éclatée.

Des stages et des employeurs

À l’été 2020, en première année de la pandémie, des « stages alternatifs » ont été proposés. Les étudiantes et étudiants ont eu à mettre sur pied des projets d’envergure qui ont nécessité créativité et débrouillardise. Ils ont aussi dû investir des efforts supplémentaires pour se bâtir un réseau. « Quelle fierté au bout du compte! » s’exclame la directrice.

« Avec la pandémie, nous avons eu peur que les employeurs cessent d’accepter des stagiaires, raconte Mélanie Cwikla. Mais pas du tout! Au contraire, nous avons eu encore plus d’offres de stages, même si au moins 50 % sont en télétravail. » Rappelons que pratiquement 100 % des stagiaires se trouvent un emploi après leur stage.

Kacou ne sait pas encore si son stage sera en présentiel ou en télétravail, mais il est prêt et motivé. Pour la suite, il compte bien travailler ici. « Malgré l’éducation à distance, j’ai développé un total attachement à l’USB et au Manitoba. »

Si le virus ne joue pas encore de mauvais tours, une collation des grades aura lieu en personne en juin, une occasion en or pour Corinne et Kacou d’enfin rencontrer physiquement leurs camarades et de célébrer une réussite éclatante, celle d’avoir obtenu un diplôme entièrement à distance.

 

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