Le 11 avril dernier s'est tenue la Journée du Savoir de l'Acfas-Manitoba à l'Université de Saint‑Boniface (USB), lors de laquelle plus d'une trentaine de membres de la communauté étudiante, toutes disciplines confondues, ont présenté un projet de recherche, de création ou d'innovation technologique.
Parmi ces personnes, Anne-Sophie Régnier, étudiante au programme de baccalauréat ès arts – Relations internationales, et Alexi Gagnon, étudiante au programme de baccalauréat ès sciences (général), ont conquis le public par leur présentation respective touchant toute deux à la sensibilisation environnementale.
Outil pour une transformation du système agroalimentaire
Pour l'étudiante de deuxième année en relations internationales, ce projet de recherche lui a permis d'approfondir ses connaissances sur les enjeux du système agroalimentaire.
« Cette expérience était l'occasion de présenter les résultats de ma recherche et, ainsi, de sensibiliser le public aux enjeux du système agroalimentaire actuel. Ce fut une expérience enrichissante de savoir et d'opportunités! », exprime Anne-Sophie Régnier.
Le système agroalimentaire mondial est confronté à plusieurs défis majeurs, notamment en ce qui concerne son impact sur l'environnement et sa capacité à assurer une sécurité alimentaire équitable et durable.
La réévaluation du système agroalimentaire devrait être une priorité universelle, selon Anne-Sophie Régnier.
« À l'heure actuelle, il est essentiel que nous envisagions une remise en question des structures du régime agroalimentaire et le rôle des grandes entreprises multinationales qui y œuvrent, étant donné que les impacts du secteur agroalimentaire sur la crise climatique actuelle sont significatifs et que le système actuel présente de nombreuses difficultés à répondre à l'accès à la sécurité alimentaire pour tous », explique l’étudiante.
Afin de rendre le système alimentaire plus durable, l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) a développé et promeut la comptabilisation du cout complet (CCC)1, un outil qui mesure tous les couts cachés. Ce qu'il faut d'abord comprendre, c'est que cet outil incite à changer les structures de pouvoir dans le système agroalimentaire. Pour Anne-Sophie, comme pour beaucoup, il faut examiner les raisons pour lesquelles certains pays résistent aux changements proposés par la FAO ou tentent de les minimiser. Cette stratégie semble aller à l'opposé des activités de l'ONU.
Depuis qu'elle s'est penchée sur le sujet, plusieurs questions se bousculent dans la tête de l'étudiante-chercheuse : « Quelles sont les implications de la mise en place d'un système agroalimentaire durable et équitable? Quelle position adopte la FAO à ce sujet et quel rôle joue-t-elle dans la promotion de la CCC? Est-ce que le développement durable est compatible avec la structure du système agroalimentaire actuel? » Répondre à ces questions permettra de proposer des mesures qui amélioreront le processus de transformation du système agroalimentaire.
Le déclin des pollinisateurs : une Bombus à retardement
En Amérique du Nord, la production agricole de divers fruits et légumes, tels que les framboises, les citrouilles, le maïs, le soja et les pommes, diminue progressivement pour une multitude de raisons, notamment les changements climatiques.
Pour Alexi Gagnon, ce déclin est un problème majeur pour la biodiversité et l'agriculture.
« Une autre cause qui explique ce ralentissement est le déclin persistant de leurs pollinisateurs, en particulier le bourdon à tache rousse (Bombus affinis) dont l'effectif a diminué de 95 % au cours des dernières décennies. »
« Les bourdons à tache rousse sont une espèce en voie de disparition, voire d'extinction », affirme l'étudiante, pour qui cet insecte avait déjà piqué sa curiosité dès un jeune âge. Le cadre d'un cours de biologie lui a permis d'orienter sa recherche sur cette préoccupation qui lui tient tant à cœur.
Bien que les causes exactes de cette régression dévastatrice ne soient pas entièrement comprises, de nombreuses hypothèses ont été avancées telles que l'utilisation de pesticides, la transmission de pathogènes, les changements climatiques, la dérive génétique et la perte d'habitats liée à l'intensification de l'agriculture.
Des études supplémentaires sont nécessaires afin de mieux comprendre les défis auxquels font face les bourdons à tache rousse avant de pouvoir élaborer des stratégies de conservation.
« L'élevage en captivité et l'utilisation de nichoirs artificiels sont des méthodes utilisées pour étudier les bourdons à tache rousse dans un environnement contrôlé, ce qui permet aux chercheurs de recueillir des données précieuses sur leur biologie, leur distribution et les facteurs qui influencent leur survie et leur reproduction », explique l'étudiante.
Dans l’ensemble, ces efforts visent à obtenir des informations sur les besoins écologiques des bourdons à tache rousse, leurs interactions avec leur environnement et les menaces qui pèsent sur leurs populations, dans le but d'élaborer des stratégies de conservation visant à protéger ces importants pollinisateurs en voie de disparition.
Journée du Savoir
Fidèle à sa mission, l'Acfas-Manitoba organise la Journée du Savoir. Présentée annuellement, cette journée est une occasion unique pour la population étudiante de faire l'expérience formatrice de la communication savante.
Cette activité offre aux étudiants et étudiantes des 1er et 2e cycles la possibilité de présenter leurs travaux de recherche sous la forme d'une affiche ou d'une communication orale dans le domaine des arts, des sciences, de la santé, des humanités, de l'éducation et des études techniques et professionnelles.
Coordonné par Reine-Marie Guillermic, présidente de l'Acfas-Manitoba et professionnelle-enseignante au Département de sciences mathématiques et de physique de l'USB, l'évènement a connu un franc succès.
« L'ambiance était invitante et les spectateurs étaient nombreux à assister aux présentations. Plus de 30 étudiantes et étudiants ont participé à cette journée et ont fait d'excellentes présentations ou affiches. Je suis ravie que, grâce à nos commanditaires de la communauté, l'Acfas-Manitoba ait pu distribuer des prix variés à toutes les personnes participantes », se réjouit la présidente.
Au total, 19 présentations étudiantes et sept affiches abordant l'économie, les sciences, l'histoire et la santé ont été présentées lors de cette journée enrichissante et diversifiée.
Les prix de la Journée du Savoir ont été accordés comme suit :
Prix Sciences humaines et sociales
- 1er prix (300 $): « Fortification par codification : Les contributions de la Commission du droit international à la guerre en Ukraine » par Claire Morham
- 2e prix (150 $): « Outil pour une transformation du système agroalimentaire, à contre-courant des normes de l’Organisation pour l’alimentation et l’agriculture : quelle importance lui accorder ? » par Anne-Sophie Régnier
Prix Sciences expérimentales
- 1er prix (300 $): « Trésors enfouis parmi les déchets : le cas de la redoutable moule zébrée » par Sarah Mann
- 2e prix (150 $): « Quand faire le mort n’est plus un jeu » par Rheanna Enriquez
Prix Affiches
- 1er prix (300 $): « La détection des gènes de résistance aux antibiotiques dans les champs agricoles du Manitoba » par Sonia Cherfi, Alexandre Dupré et Sara Ghobrial
- 2e prix (150 $): « Empoisonnement à l’ergot de seigle » par Callandra Stroet
[1] Outil qui sert à mesurer tous les coûts cachés dans le système agroalimentaire qui influencent les décisions gouvernementales (notamment en ce qui concerne l'octroi de subventions aux entreprises agricoles pratiquant des méthodes durables) et à sensibiliser les consommateurs aux effets de leur consommation.