NOUVELLES ET ÉVÈNEMENTS | 15 avril 2016

Le Québec : quel rôle envers les autres Franco-Canadiens?

Le Québec : quel rôle envers les autres Franco-Canadiens?
De gauche à droite, Raymond Hébert, Sylviane Lanthier, Benoît Pelletier, Sol Zanetti et Antoine Cantin-Brault.

La salle académique de l’Université de Saint-Boniface (USB) a été le théâtre le 23 mars dernier d’une table ronde sur un sujet sensible : Quel-est le rôle du Québec envers le reste de la francophonie canadienne? L’idée de cette table ronde trouve son origine chez Antoine Cantin-Brault, professeur de philosophie à l’USB qui a « avoué son ignorance » par rapport à cette question, à la manière de Socrate.

Quatre panélistes ont pris part à la discussion, soit Raymond Hébert, professeur émérite en sciences politiques à l’USB, Sylviane Lanthier, présidente de la Fédération des communautés francophones et acadiennes du Canada (FCFA), Benoît Pelletier, professeur de droit constitutionnel et ancien ministre québécois responsable des affaires intergouvernementales et de la francophonie canadienne, et Sol Zanetti, premier chef élu d’Option nationale, un parti indépendantiste québécois.

L’identité

Dans son discours d’ouverture Les maux des mots, Raymond Hébert a cherché à expliquer historiquement et sémantiquement la séparation des Québécois et des autres Canadiens-Français. 

Colons français, coureurs des bois, voyageurs, habitants, voilà de nombreux mots qui décrivaient l’ensemble des francophones d’Amérique du Nord à une certaine époque. Puis vers 1968, les francophones vivant aux abords du fleuve Saint-Laurent se sont soudainement fait appeler Québécois

L’identité francophone n’était plus unique, et les autres communautés n’avaient d’autre choix que de se trouver leur propre nom : Franco-Manitobain, Fransaskois, etc. À l’origine de la différenciation entre Québécois et Canadiens-Français, il y a donc un mot.

L’appui du Québec

Le discours de Sylviane Lanthier a pris la forme d’un état des lieux des actions du Québec envers le reste de la francophonie canadienne. 

Deux millions de dollars sont investis chaque année par le Québec pour des projets interprovinciaux avec les communautés francophones du Canada, dont 60 % pour le développement des arts et de la culture du Canada français. La possibilité de tenir le Gala Juste pour rire à Winnipeg, par exemple, serait impossible sans l’appui du gouvernement du Québec. 

D’un côté, les communautés francophones veulent s’occuper d’elles-mêmes, mais de l’autre, le Québec porte le chapeau du grand frère. D’un point de vue légal cependant, seul le palier fédéral du pays a de réelles obligations envers ses francophones, pas le Québec.

Une francophonie unie

Pour Benoît Pelletier, le rôle du Québec envers la francophonie canadienne est en premier lieu de faire partie de cette francophonie. « Pour avoir une dualité linguistique au pays, il faut avoir une francophonie unie, affirme-t-il. Sinon, on se retrouve avec une multiplicité linguistique. »

Il dénonce donc le tabou de la francophonie canadienne dans les discours politiques québécois actuels. Pour lui, il faut mettre l’histoire de côté et collaborer davantage pour assurer un meilleur avenir pour tous. 

Enfin, Benoît Pelletier insiste qu’un système asymétrique est primordial pour que les Québécois puissent appuyer les communautés francophones du Canada sans subir de répercussions de la part des anglophones de leur province. 

Indépendantiste convaincu

Sol Zanetti assure que le rôle du Québec envers la francophonie canadienne est restreint par le régime politique du Canada. 

Le Québec ne peut pas aider la francophonie yukonnaise, par exemple, puisqu’il vit une réalité contraire sur son territoire. En effet, la minorité anglophone du Québec mène les mêmes combats que la minorité francophone ailleurs au Canada. 

Il croit donc que la solution se trouve dans un état indépendant, un Québec qui n’aurait plus à répondre aux obligations canadiennes et pourrait aider la francophonie sans en subir les répercussions. « Il faut prendre sa liberté. Rien ne va nous être donné », a-t-il conclu, encourageant les Franco-Manitobains présents à continuer leurs combats quoiqu’il arrive.

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