PROFILS | Publié : octobre 2016
Le gout de la tradition

Fatoumata Hetie, Brice Diagbouga et Salimatou Goulibaly, entrepreneurs et propriétaires du restaurant Afrik' Douman
Un nouveau restaurant est né à Winnipeg : Afrik’ Douman. Grâce à cinq anciens étudiants de l’Université de Saint-Boniface (USB), ce restaurant spécialisé en cuisine de l’Afrique de l’Ouest a ouvert ses portes en aout 2016 au centre-ville de Winnipeg.
L’idée remonte à 2012, peu de temps après que ces jeunes étudiants sont arrivés au Canada. Abdel Dagnoko, un de ces entrepreneurs, raconte qu’il y a eu un certain temps d’adaptation et un choc culturel pour eux originaires du Burkina ou du Mali.
« Ce n’est pas que l’on se sentait à part, au contraire, mais nous avions un peu perdu les habitudes de vie quotidienne que nous avions dans nos pays, surtout le gout de la nourriture », dit-il.
Une femme d’origine sénégalaise travaillait cependant à la cafétéria de l’USB à l’époque, et cuisinait des mets africains. « On s’était un peu habitué à elle et à sa cuisine. Quand elle est partie, on s’est demandé qui allait cuisiner pour nous », se souvient Abdel Dagnoko.
À ce moment, certaines jeunes femmes du groupe d’amis, Fatoumata Hetie et Salimatou Coulibaly, ont commencé à prendre le relais et à cuisiner pour leurs amis. Cela a eu beaucoup de succès et de plus en plus de gens autour d’eux venaient leur demander de la nourriture. « On s’est demandé : pourquoi ne pas faire un restaurant pour servir tout le monde? », raconte Abdel Dagnoko. C’est ainsi que le projet s’est concrétisé en 2014.
De nombreux obstacles à franchir
« Ici, il n’y a pas vraiment de restaurant d’Afrique de l’Ouest en tant que tel, et nous voulions proposer des mets qui se retrouvent dans ces pays très proches culturellement », indique Abdel Dagnoko. D’ailleurs, le nom Afrik’ Douman le reflète bien : « Afrik’ » vient très clairement du nom d’Afrique, et « Douman », en langue Banama ou Dioula, veut dire bon ou délicieux.
Cependant, il a fallu surmonter bien d’obstacles avant qu’Afrik’ Douman puisse voir le jour. « Chez nous, pour monter un restaurant, il ne faut pas grand-chose : un local, un cuisiner, et une enseigne!, lance Abdel Dagnoko. Ici, c’est très différent. » En effet, il y a beaucoup de contraintes gouvernementales, comme être autorisé à manipuler de la nourriture à des fins de vente. Il a fallu également à ce groupe d’amis tracer un plan d’affaires afin de détailler chaque ingrédient utilisé ou établir leur budget. Mais, après plusieurs mois de travail, les cinq étudiants pleins de motivation sont arrivés à leurs fins.
La dernière difficulté a été de trouver le local. « Pour de jeunes diplômés comme nous, ce que proposait le marché était au-dessus de nos moyens », souligne Abdel Dagnoko. Le groupe a donc repensé son plan, et a décidé de procéder par étapes. « Nous commençons par avoir un local pour cuisiner nos mets uniquement pour livraison et à emporter, explique Abdel Dagnoko. Ensuite, nous essaierons d’avoir un local plus grand pour avoir plus de places assises. »
Une cohésion d’équipe importante
À Afrik’ Douman, Abdel Dagnoko s’occupe plus particulièrement de la technique. Grâce à ses études en informatique, il est capable de gérer les réseaux sociaux, le site Web, les dépliants, la publicité et la communication. Brice Diagbouga et Moly Kinre, diplômés en administration des affaires, gèrent plutôt le côté financier. Mais leur rôle ne s’arrête pas là. Tous les trois sont aussi aides-cuisiniers, afin d’aider les deux chefs cuisinières, Fatoumata Hetie et Salimatou Coulibaly.
Grâce à l’esprit d’équipe, à un grand sens de communication, mais surtout à de grands efforts, les cinq jeunes entrepreneurs se lancent donc dans un projet prometteur. « Pour un début, je suis optimiste, partage Abdel Dagnoko; maintenant, le défi est d’attirer d’autres clientèles que la clientèle africaine. On a besoin que les gens soient curieux! »
Publié : octobre 2016
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