PROFILS | Publié : aout 2019
Elle en a vu, des lumières s’allumer
Julie Joanisse et Paul Grégoire, employés en informatique, lors du BBQ de la Rentrée en septembre 1988.
L’informatique a toujours été source d’intérêt et de plaisir pour Julie Joanisse, coordonnatrice au Service des technologies de l’information de l’Université de Saint-Boniface (USB). C’est donc sans y regarder à deux fois qu’elle s’est engagée sur cette voie professionnelle. Un parcours riche en premières s’étalant sur 33 ans à l’unique université francophone de l’Ouest canadien, qui se bouclera à la fin aout 2019 lorsqu’elle prendra sa retraite.
« J’avais suivi quelques cours de programmation au secondaire et ça me venait très facilement. Ma mère me disait souvent : Tu devrais aller là-dedans, c’est l’avenir! »
Julie Joanisse a donc poursuivi des études en programmation et en traitement informatique, un nouveau domaine à l’époque, et dans lequel les femmes n’étaient pas nombreuses. « Ce n’était pas un problème pour moi, car j’avais grandi entourée de quatre frères! »
Native de Hearst en Ontario, Julie Joanisse pose ses valises à Winnipeg au début de 1986, là où son père s’était déjà installé, avec son frère. La spécialiste en programmation n’a pas longtemps à attendre avant de décrocher un emploi de programmeuse à l’USB, en février de cette même année. « Le système administratif de l’USB contenait beaucoup de bogues informatiques. On cherchait donc quelqu’un pour le réparer et le développer. »
Quelques mois après son entrée en poste, Julie Joanisse accepte de devenir coordonnatrice du Centre informatique. Elle se souvient : « La coordonnatrice avait démissionné alors j’ai accepté, mais seulement pour six mois – un an au maximum –, car ma passion, c’était la programmation, pas la gestion d’ordinateurs et de supports! Finalement, je ne suis jamais revenue à mon poste de programmeuse. »
En tant que coordonnatrice du Centre informatique pendant plus de 20 ans, Julie Joanisse a été une témoin active de nombreuses premières à l’USB : l’installation des premiers systèmes d’exploitation Windows, les premiers Macintosh Plus pour les enseignants, le premier réseau informatique à l’interne de l’Université ou encore sa première connexion à l’Internet.
« Je me souviens des premiers ordinateurs des adjointes administratives, avec seulement du traitement de texte, des Micoms avec les floppys (disquettes), ou encore des sauvegardes sur grosses bobines. Tout ça a tellement évolué! »
En 2007, Julie Joanisse devient coordonnatrice du Service des technologies d’apprentissage à distance de l’USB, où elle a mené l’élaboration des cours en ligne et du site Web.
« Les premier cours par Internet à l’USB ont été des cours de psychologie et de traduction dans les années 2000, raconte-t-elle. Au début, ce sont les professeurs eux-mêmes qui s’en occupaient, puis l’USB m’a chargée de formaliser la mise en ligne de ces cours.
« Il fallait créer tout un processus d’encadrement pour ces cours-là, développer une plateforme d’apprentissage avec plein d’outils pour offrir des activités en ligne, comme des forums de discussion, du clavardage, des quiz, des jeux ou encore des miniateliers. Les cours à distance, ça a vraiment été mon bébé! »
Selon la future retraitée, plus de 80 cours en ligne ont été élaborés à l’USB. La plateforme sert aussi aux professeurs qui enseignent sur place : ils s’en servent notamment pour diffuser leurs présentations et notes de cours, ou encore pour recevoir les travaux de leurs étudiants.
Julie Joanisse précise qu’en plus de créer la plateforme, elle a dû aussi assurer la formation du personnel enseignant sur son utilisation. Mais le plus grand défi, selon cette programmeuse de formation, reposait sur l’instabilité de la plateforme. « Non seulement le nombre d’utilisateurs est monté en flèche, mais l’USB venait d’uniformiser le système d’exploitation en passant vers Windows à l’échelle de l’établissement. Le système plantait tout le temps. Comme notre plateforme d’exploitation était Unix, on a dû trouver un pourvoyeur externe pour l’héberger. »
L’informaticienne a également vu la multiplication des ordinateurs à l’USB, d’un laboratoire informatique où les professeurs venaient de temps en temps à la fin des années 1980 et au début des années 1990 aux ordinateurs dans chaque bureau - en passant par les minilaboratoires informatiques à chaque étage.
Si sa carrière à l’USB est pour elle une source de fierté qui ne manque pas de bons souvenirs, certains défis demeurent encore aujourd’hui : « Beaucoup de gens ne réalisent pas le temps que ça prend pour créer quelque chose en informatique. C’est du travail avant, pendant et après.
« Dans un monde où les changements technologiques sont très rapides, ça peut être stressant. On vient à peine de comprendre un nouvel outil que déjà une nouveauté arrive et on s’attend à ce que l’informaticien sache déjà tout à son sujet! De plus, on a des décisions difficiles à prendre, car changer de système est dispendieux. »
À deux pas de la retraite, Julie Joanisse compte bientôt éteindre son ordinateur et faire autre chose. « J’aime bricoler avec du bois et de la résine, et décorer des gâteaux. J’aimerais prendre le temps de faire tout ça, toute la journée si j’ai envie.
« Mais je sais que mon travail va me manquer, surtout de montrer aux gens comment la technologie peut les aider. Ça va me manquer de ne plus voir le déclic quand ils ont compris comment faire eux‑mêmes. »
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