PROFILS | Publié : novembre 2021

Éducation de la jeune enfance : 40 heures de perspective autochtone

Erin Vandale, professeure en Éducation de la jeune enfance à l'USB.

Erin Vandale, professeure en Éducation de la jeune enfance, s’est lancée dans l’élaboration d’un tout nouveau cours intégrant la perspective autochtone.

Dans la poussée du mouvement Chaque enfant compte, qui a pris sa grande envolée alors que le pays découvrait des centaines de tombes non marquées d’enfants décédés dans les pensionnats autochtones de l’Ouest canadien, s’est trouvée exacerbée l’importance de cheminer vers la réconciliation.

Avant même ces découvertes qui ont laissé le pays entier en état de choc, le corps professoral du programme Éducation de la jeune enfance (EJE) se penchait déjà sur le sujet, puisqu’une révision majeure des Compétences des éducateurs des jeunes enfants II du Manitoba exige que du contenu sur les perspectives autochtones soit inséré dans plusieurs des cours, et ce, tout au long du programme.

Entre autres, un cours spécifique de 40 heures se devait d’être élaboré afin d’y inclure un aperçu des pratiques éducatives traditionnelles autochtones, des effets du colonialisme (traités, perturbation des familles autochtones et des structures sociales, pensionnats), des cinq savoir-faire culturels, de la revitalisation des langues autochtones et de l’incidence de ces enjeux sur les enfants et les familles autochtones aujourd’hui.

Erin Vandale, professeure en EJE, s’est donc lancée dans l’élaboration d’un tout nouveau cours. « J’ai fait beaucoup de recherche et de lecture afin d’avoir une idée générale du contenu. Ensuite, une partie intégrante du projet était de créer un comité consultatif. Nous avons trois personnes de la communauté autochtone qui ont accepté de faire partie de ce comité et nous avons aussi consulté une spécialiste en qualité de programmation en jeune enfance du Manitoba First Nations Education Resource Centre Inc. »

Pour Lynne Wallack, une Métisse vivant à Glenlea, près de Saint-Adolphe, et étudiante en première année dans le programme EJE, suivre le cours lui a donné « une sensation de fierté et d’acceptation ». « J’étais au courant de ce qui s’était passé dans les écoles pensionnats et du fait que les peuples autochtones souffraient, mais, en même temps, je ne comprenais pas pourquoi ils avaient vécu cela; je ne connais pas si bien que cela ma culture. En suivant le cours, j’ai eu la chance de trouver des ressources qui appuyaient la culture et les peuples autochtones. Ça a touché mon cœur d’entendre ce qu’ils avaient vécu et comment ils se sont fait traiter. »

Une façon organique d’enseigner les cultures autochtones est de s’en imprégner. Dolorès Gosselin, une ainée métisse, est celle qui a donné le cours en suivant la culture des Premières Nations. « Nous avons eu la chance de faire ensemble plusieurs cérémonies, assis en cercle, afin que tout le monde puisse se voir, mais également parce que l’énergie d’un cercle circule tout le temps et cela renforce les énergies de tout un chacun. »

La cérémonie du feu est où l’on amène du tabac et du cèdre à bruler pour dire merci. C’est autour du feu – remplacé par une chandelle blanche lors du cours – que l’on enseigne aux apprenants l’importance de dire merci, d’avoir de la gratitude. La cérémonie de la rivière sert à apprendre à apprécier l’eau et ses vertus. « Chacun avait apporté une bouteille d’eau à vider dans la rivière, puis devait envoyer telle ou telle bonne énergie pour nourrir nos cours d’eau au Manitoba, au son du tambour que je jouais. »

Puis, il y a aussi la cérémonie de la pierre. « Tu te concentres sur la pierre et tu tentes de ressentir quel message tu reçois. C’est une cérémonie pour reconnecter avec la terre. On y raconte une histoire et invite chaque personne à penser à la façon dont elle peut créer un lien avec la terre. » Après chaque cérémonie, les participants et participantes avaient toujours 10 minutes de réflexion pour écrire un journal de réflexion; un aspect très important pour noter ce qui a été appris et ressenti, et se donner des outils pour utiliser l’expérience vécue dans son travail et dans son quotidien.

« J’ai tellement appris lors de chaque cérémonie, souligne Lynne Wallack. Les enseignements autochtones et ce qu’ils signifient, les objets qu’ils utilisent et pourquoi, la nature, les animaux, les tipis, les tambours, etc. Les rôles que les peuples des Premières Nations ont joués à travers les jeunes, les ainés, les adultes.

« J’ai l’impression que ma perspective envers les personnes, les choses, la vie en général a changé. Je réfléchis plus quand les choses entrent dans ma vie. À l’avenir, j’aimerais être plus active dans la réconciliation et mieux comprendre comment je peux poser des gestes, grands ou petits, pour faire changer les choses. »

 

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