Tout a débuté avec l'immersion
La Dre Keleigh James est médecin de famille au Centre de santé Saint‑Boniface. Ses études à l’école d’immersion, puis à l’Université de Saint‑Boniface (USB), ont façonné le cours de sa vie.

Native de Winnipeg, la petite Keleigh James a beaucoup déménagé, au Canada et aux États-Unis, entre l’âge de 3 et 15 ans. Mais dès la maternelle, que ce soit à Edmonton, à Ottawa ou à Winnipeg, elle sera inscrite à l’école d’immersion. « Mes parents ne parlent pas un mot de français! Mais c’était une idée de ma mère, inspirée à l’époque du projet Trudeau de bilinguisme pancanadien. Pour elle, il fallait saisir la chance de devenir bilingue. »
Aujourd’hui, Keleigh James appuie le même choix pour sa belle-fille, qui fréquente une école d’immersion à Saint-Norbert.
L’USB : l’étape déterminante
Après son secondaire – en immersion à l’Institut collégial Vincent-Massey –, Keleigh James, qui rêve de devenir médecin, choisit d’effectuer son baccalauréat en sciences à l’Université de Saint‑Boniface. « Le choix logique aurait été l’Université du Manitoba, où se donnait ensuite le programme de médecine. »
Mais l’USB offre plusieurs avantages, comme par exemple la taille humaine de l’établissement. « J’ai souvent entendu les jeunes qui étudiaient en anglais se plaindre du manque d’appui. De mon côté, j’ai eu un encadrement exceptionnel. Tous les professeurs me connaissaient! Je dois aussi mentionner, tout bonnement, que les bourses étaient plus concurrentielles! Et, bien sûr, j’ai continué d’apprendre le français. En fait, c’est réellement grâce à l’USB que je suis devenue bilingue, parfaitement à l’aise de communiquer aujourd’hui avec mes patients francophones. »
Du travail universitaire en français
À l’Université du Manitoba, où Keleigh débute ses études en médecine, les cours et les examens sont en anglais. « C’était un nouveau défi, car j’avais tout fait mes études universitaires jusque-là en français. » Et repasser au français en milieu de travail fut encore un défi après des études en anglais, car Keleigh a choisi, en 2004, de faire son stage de 3e année à Sainte-Anne-des-Chênes. Elle fait ensuite sa résidence de médecin de famille en français : la première année au Centre de santé et à l’Hôpital Saint‑Boniface; et la 2e, de retour à Sainte-Anne puis à Notre-Dame-de-Lourdes.
Après cinq années de travail à Sainte-Anne, Dre James s’installe en ville en 2013. Médecin de famille au Centre de santé, elle conserve un immense intérêt pour le français. « Au moins la moitié de mes patients sont francophones et les autres vivent à Saint‑Boniface. » Tout son travail universitaire est lié au développement de l’offre active de services de santé en français. « Aujourd’hui, je gère le programme de résidence bilingue que j’ai moi-même complété à l’Université du Manitoba! »
Mais, il y a bien plus. Il existe désormais, au 1er cycle de médecine à l’Université du Manitoba, un volet bilingue, dont Keleigh James est la responsable. Dans ce volet, les étudiants apprennent le français dès la première année. « Dans mon temps, nous commencions à la 3e. » Il peut s’agir de lectures, de conversations avec des patients simulés francophones, etc. Entre autres, 10 modules d’apprentissage du français médical, développés par des médecins et une infirmière praticienne, en collaboration avec la Division de l’éducation permanente de l’USB, sont offerts sur deux ans. Ce sont des cours de communication orale enseignés par un médecin.
Keleigh James est aussi la personne-contact pour trouver des milieux de stage et de résidence aux étudiants du programme francophone de l’Université d’Ottawa. Rappelons que, grâce à ce programme, huit places sont réservées à des francophones canadiens; en moyenne, deux Manitobains sont choisis par année. « Auparavant, les Manitobains qui déménageaient à Ottawa pour suivre leur médecine se retrouvaient déconnectés de leur milieu, croit Dre James. Il leur devenait difficile de trouver un stage, une résidence ou un emploi ici. Mais aujourd’hui, nous nous assurons qu’ils peuvent revenir travailler dans leur communauté. »