PROFILS | Publié : mars 2022

De la Pologne au Manitoba, pour l’amour du français

Agata Dziegielewska-Johns, Polonaise d'origine.

Agata Dziegielewska-Johns, Polonaise d'origine, est mordue de la langue française.

L’amour de cette Polonaise d’origine pour la langue française remonte loin dans le temps…

Agata Dziegielewska-Johns est née à Poznan, en Pologne. « C’était l’époque communiste, rappelle-t-elle. Nous faisions partie de l’URSS. La Pologne était pour ainsi dire coupée du reste du monde. Nous n’avions pas conscience de la diversité humaine ni même qu’il existait d’autres langues. » Mais les parents d’Agata étaient médecins, et sa mère avait fait un stage de six mois dans un hôpital en France. « Ma mère est toujours restée attachée à la France. Chez nous, elle nous faisait du chou-fleur dans une béchamel onctueuse et de délicieuses tartes aux pommes… des plats absents de la culture polonaise. »  

En France, la mère d’Agata avait tissé de précieux contacts. Durant son enfance, dans les années 1980, Agata a donc vu défiler, en secret, dans sa maison, des médecins venus porter des médicaments. « Je garde un souvenir merveilleux de toutes ces personnes qui parlaient français. » Vers l’âge de dix ans, après l’état de guerre de 1981-1983, elle suit des cours à l’Alliance française. 

Astucieuse, sa mère lui trouve, parmi les enfants de ses collègues, une correspondante française. C’est ainsi que vers l’âge de 13 ans, Agata commence à échanger des lettres avec Myriam, avec qui elle est encore en contact. « Myriam m’appelait “mon amie” : j’adorais ça! » Par les lettres — une riche habitude qui s’est malheureusement perdue selon elle —, elle vit la magie, le désir du français et du monde occidental.

En 1990, après la chute du mur de Berlin, Agata se rend à Andrésy, près de Paris, pour visiter Myriam. Elle a 16 ans. « Myriam m’avait un organisé un plan de visites de Paris. Je revois plein de détails dans ma tête… Toute cette abondance… Le grand choix de vêtements dans les vitrines, alors que je portais des vêtements ternes et démodés. Je ne savais pas ce qu’était un jean! Je ne savais pas ce qu’était Mcdo! J’ai acheté plein de t-shirts blancs pour pouvoir les teindre de toutes les couleurs dans le lavabo. La mère de Myriam voulait faire ma lessive, mais je ne pouvais pas! J’allais tacher sa laveuse! Autour de moi, j’observais aussi toute une diversité de gens… en Pologne, c’est très monoethnique : 96 % des gens sont des Polonais qui parlent le polonais. »

Au lycée, en Pologne, Agata étudie le français. À l’université, elle choisit un programme de langues romanes pour poursuivre son apprentissage. C’est durant ses études universitaires qu’elle rencontre un Manitobain aux racines polonaises, son conjoint d’aujourd’hui. « Je suis venue faire un séjour au Manitoba avec lui durant ma maitrise de littérature française, en 1998. Je venais à l’USB pour étudier et emprunter des livres! » 

Elle s’installe définitivement au Manitoba en 2000. « Je me suis tout de suite intéressée à la communauté francophone. J’aime découvrir les habitudes, les mœurs et la langue des Franco-Manitobains. En même temps, la communauté francophone ne cesse de se diversifier, et j’aime la richesse que ça apporte. »

Depuis son arrivée, elle a entre autres travaillé à l’école d’immersion Bannatyne et à l’archidiocèse de Saint-Boniface. Aujourd’hui, elle est adjointe administrative à l’USB.

« Je me trouve extrêmement chanceuse de pouvoir travailler dans cette langue que j’ai découverte et aimée dès ma plus tendre enfance. »

 

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