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Le bilinguisme, une histoire de passion
À l’occasion des 50 ans de la Commission royale d’enquête sur le bilinguisme et le biculturalisme, Raymond Hébert, analyste politique et professeur émérite de sciences politiques et d’études canadiennes à l’USB, raconte l’importance de célébrer.
« C’est une commission d’enquête qui a mené à l’adoption de la Loi sur les langues officielles. Je trouve que c’est très important de montrer la distance parcourue depuis 50 ans. Les étudiants actuels n’ont pas vécu ce qui s’est passé durant les années 1960 et 1970. Il faut qu’ils connaissent toutes les batailles qui ont été gagnées dans les domaines de l’éducation, de l’économie ou encore de la politique. »
Pour commémorer le tout, une conférence à l’Université de Saint-Boniface s’est tenue au mois d’avril 2013 lors de laquelle on a traité de l’évolution et des défis du bilinguisme au Manitoba. Environ 80 personnes étaient de la partie, et une soixantaine de personnes ont participé par vidéoconférence.
M. Hébert était parmi les 3 panélistes invités, les 2 autres étant Roger Turenne, ancien recherchiste pour la Commission en 1965 et autrefois conseiller spécial du premier ministre du Manitoba pour les services en français entre 1981 et 1991, et Andy Anstett, ancien député provincial de 1981 à 1986 et membre du cabinet Pawley lors de la crise linguistique.
« Nous avons choisi une approche chronologique pour tenter de couvrir les 50 ans suivant la Commission, explique-t-il. Les 3 intervenants ont tous une expérience très riche par rapport à l’histoire du bilinguisme au Canada et au Manitoba. J’ai moi-même écrit un livre sur la crise linguistique des années 1980. »
Selon M. Hébert, il existe 2 grands défis que la communauté francophone du Manitoba doit relever. « Tout d’abord, je pense qu’on devrait viser à formaliser la participation des francophones au sein des institutions gouvernementales. »
M. Hébert explique que dans le domaine de la santé notamment, on devrait formaliser la représentation francophone au Conseil d’administration de l’Hôpital Saint-Boniface par exemple.
« En ce moment, plusieurs francophones y siègent, mais cela pourrait changer n’importe quand. C’est la même chose pour les offices régionaux de la santé dans les régions où il y a des francophones. »
« La base institutionnelle francophone, d’autre part, est une chose à revitaliser, affirme-t-il. Nous avons fait beaucoup de progrès depuis 50 ans alors les gens se disent que la bataille est gagnée, et il y a un certain essoufflement de la communauté. Mais il reste des domaines dans lesquels on pourrait avancer, il faut se donner de nouveaux défis. »
Pour relever certains défis, l’analyste politique propose, entre autres, un grand rassemblement de la communauté sur deux ou trois jours, et ce, tous les cinq ans. « Chaque organisme y ferait son AGA et on pourrait aussi imaginer un grand spectacle francophone canadien dans toute sa diversité; ce serait un grand ralliement quinquennal communautaire. »
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