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Le Ku Klux Klan et les Franco-Américains

Eileen M. Angelini, professeure de français au Canisius College, à Buffalo, New York, aux États-Unis, a passé les deux premières semaines du nouvel an à faire la navette entre l’Université du Manitoba et l’Université de Saint-Boniface. Elle participe au projet Fulbright Specialist, qui lui permet de se déplacer d’université en université pour rencontrer d’autres professionnels et tenter de leur apporter conseils et suggestions pour améliorer les cadres scolaires au Canada. 

L’Association francophone pour le savoir (ACFAS) a profité de la présence de cette invitée d’honneur pour en faire la vedette de sa Conférence du midi, un évènement mensuel à l’USB. Ayant participé à la réalisation d’un film sur l’influence du Ku Klux Klan (KKK) sur la francophonie, Eileen Angelini en a fait le sujet de sa conférence le 14 janvier 2016. 

ACFAS - Le Ku Klux Klan et les Franco-Américains

Eileen Angelini accompagnée des professeurs de l'USB, Michelle Verrette (gauche) et Krystyna Baranowski (droite)

Les Franco-Américains

Le terme Franco-Américain n’est pas très souvent utilisé. En fait, de moins en moins de gens se nomment ainsi. Cependant, il fût un temps où une fière communauté francophone vivait sur la côte Est des États-Unis, soit en Nouvelle-Angleterre. Au 19e siècle, de nombreux Québécois voyagent en train jusqu’en Nouvelle-Angleterre, et la Nouvelle-France s’étendra jusqu’en Louisiane. Ces francophones bâtissent alors des églises et des écoles catholiques, et parlent français dans un milieu majoritairement anglophone. Leur arrivée ne fait pas le bonheur de tous.

Les « Nègres-Blancs »

Le peuple américain prend peur et parle alors d’une « invasion culturelle des Québécois ». Le Ku Klux Klan, alors très présent en Nouvelle-Angleterre, profite de cette peur collective pour s’inscrire en tant que parti politique. Des défilés des membres du KKK, qui comprennent des gens d’influence et politiquement importants dans cette région des États-Unis, ont lieu dans les rues et l’opinion publique leur est favorable. « En 1925, leur regroupement compte plus de 100 000 membres en Nouvelle-Angleterre », affirme la conférencière. Ils prennent alors des démarches légales pour bannir la pratique du catholicisme, puis se tournent vers des actions plus sombres, comme brûler des croix et même brûler des écoles catholiques et francophones, toujours dans le but d’éliminer la menace que représentent les « Nègres-Blancs ». 

Les Assimilés

Après ces actions violentes, le KKK perd des appuis, mais l’intimidation qu’il a fait subir aux Franco-Américains est toujours perceptible. Eileen M. Angelini, elle-même originaire de cette région, affirme tristement que « le français se perd, car les gens n’osent plus le parler. Ils se sentent jugés et les jeunes générations préfèrent oublier leur langue d’héritage ». Avant 2012, malgré la population francophone assez forte dans cette région, il n’y avait aucun représentant politique qui défendait les droits des Franco-Américains. Or aujourd’hui, ils ont un gouverneur catholique et francophone dans l’état du Maine. Tout n’est pas perdu.

Une histoire aux oubliettes

Lorsqu’on parle du KKK, les images qui viennent rapidement en tête sont des victimes afro américaines, principalement dans le Sud des États-Unis. Dans les livres d’histoire américains, on omet souvent de mentionner ces actes de violence qui ont eu lieu dans le Nord. Pourtant, en fouillant dans les sociétés historiques et en récoltant plusieurs témoignages, Eileen Angelini affirme que « la présence du KKK était plus grande dans le Nord que dans le Sud ». Il faut se rappeler que ce groupe extrémiste s’attaquait à toute forme de minorité, qu’elle soit Afro-Américaine, Française ou Irlandaise. Bien que peu actif de nos jours, il n’en reste pas moins que ce groupe existe toujours.

 

Publié : janvier 2016

 

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