Profils | Publié : aout 2013
Le parcours insolite d'un professeur ovationné
L’heure est au triomphe pour ce professeur d’histoire de l’Université de Saint-Boniface (USB) résolument modeste. Récompensé le 3 juin 2013 par le prix d’excellence en enseignement, il révèle le parcours étonnant et détonant qui l’a amené jusqu’au sommet du podium.
Le 3 juin 2013 est synonyme de consécration pour Luc Côté, professeur d’histoire à la Faculté des arts de l’Université de Saint-Boniface (USB). C’est en effet à cette date que ce Québécois d’origine s’est vu remettre le prix d’excellence en enseignement, décerné tous les deux ans à l’un des membres du corps professoral de l’USB. En somme, il s’agit d’un brillant témoignage de respect, non seulement pour la pertinence des cours de cet enseignant, mais aussi pour sa qualité de pédagogue.
À l’évocation de cette réussite, Luc Côté ne dissimule pas son émotion. « C’est la première fois que je reçois un tel prix, dit-il. C’est un véritable privilège pour moi. »
« Pourtant, ajoute-t-il, un demi-sourire aux lèvres, je ne pensais pas que cela m’affecterait. À l’origine je ne voulais même pas que ma candidature soit présentée. Je ne suis pas quelqu’un qui recherche la notoriété. Mais quand j’ai appris que le prix m’avait été attribué, je n’ai pas pu m’empêcher d’être profondément touché par ce que cela représentait.
« Ce qui m’a le plus ému, révèle-t-il, c’est le geste d’un de mes collègues qui a posé ma candidature, ainsi que tous ces étudiants qui ont été prêts à témoigner pour moi. Je ne m’attendais pas à ça. »
Et lorsque ce professeur d’histoire, passionné des cultures nord-américaines modernes, évoque le long chemin qui l’a mené jusqu’ici, l’admiration cède soudainement la place à l’étonnement. « J’étais plutôt introverti quand j’étais jeune, confie-t-il. Je me souviens encore d’exposés oraux où ma gêne m’empêchait de parler. Mes étudiants ont souvent du mal à le croire mais je suis d’une nature timide. »
« Et puis surtout, continue-t-il, je détestais l’école. Je n’aimais ni l’encadrement, ni la discipline. Si on m’avait dit à 18 ans que j’allais devenir professeur, je ne l’aurais jamais cru! Si j’ai continué mes études, c’était uniquement en raison d’un concours de circonstances. J’ai en effet eu la chance de pouvoir travailler en tant qu’assistant dans un projet de recherche. C’était une belle occasion de travail, et elle m’a conduite jusqu’à la maîtrise. »
« Et puis, à l’université j’ai appris à enfin mieux apprécier le milieu académique, confie-t-il. Mais je n’envisageais pas du tout d’enseigner. Je me revois encore, arrivant en 1992 à l’USB avec mes cheveux longs. J’avais tout d’un étudiant à vie. »
Alors que s’est-il passé chez ce professeur émérite que rien ne prédestinait à l’enseignement? Luc Côté ne manque pas de percer le mystère qui s’était progressivement installé autour de lui et nous révèle enfin l’élément déclencheur de sa future brillante carrière.
« Lorsque j’ai eu ma première expérience en tant qu’assistant, révèle-t-il, ça a été comme une révélation pour moi : ma timidité, ma gêne, tout ça a disparu. J’étais dans le rôle de l’animateur et j’ai adoré ça tout de suite. J’ai su que c’était ce que je voulais faire. »
Cette passion pour l’enseignement n’a jamais quitté Luc Côté depuis lors. C’est avec engouement qu’il parle de son métier d’enseignant qu’il exerce depuis maintenant 21 ans. « Aujourd’hui je conçois vraiment l’enseignement comme de la communication, assure-t-il. L’université c’est de la vulgarisation, au sens noble du terme. On est là pour dire autrement les choses, pour rendre plus accessible ce qui ne l’est pas. C’est là que réside la beauté de la chose. »
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