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Une formation à distance réussie
25 novembre 2015
Vingt-neuf étudiants du village rural de Jérémie dans l’Ouest haïtien ont bénéficié d’une formation en pédagogie les 7 et 8 novembre derniers. Branchés sur Skype, deux chargés de cours de l’Université de Saint‑Boniface (USB) ont présenté au groupe d’Haïtiens une séance sur l’approche authentique en mathématiques ainsi que l’intégration des nouvelles technologies de l’information en éducation.
Kasongo Kalanda, chargé de cours à l’USB, offre une formation à distance à une classe en Haïti
Projet de formation continue pour les professionnels de l’éducation haïtiens lancé en 2012 par le Manitoba et le Centre de recherche et de formation en sciences de l’éducation (CREFI) à Port‑au‑Prince, Haïti, l’initiative prend de l’ampleur.
En effet, un participant haïtien de la première cohorte, Jean Ernesau Dauphin, a fait en sorte que la formation puisse se donner en dehors de la capitale de l’Haïti.
« Notre projet est d’arriver à la mise en place d’une université à Jérémie, explique Jean Ernesau Dauphin. Comme les moyens nous manquent, on se contente de démarrer avec une faculté des sciences de l’éducation. Le but est de relever le niveau des acteurs de l’enseignement et du système de gouvernance dans le domaine de l’éducation en Haïti. »
De fait, selon Jules Rocque, coordonnateur du projet de formation à distance et professeur agrégé de la Faculté d’éducation à l’USB, les enseignants au rural haïtien ont peu d’occasions de formation. « Près de 85 % des gens qui enseignent en Haïti n’ont aucune formation universitaire », souligne-t-il.
Kasongo Kalanda, chargé de cours à l’USB et un des formateurs bénévoles, travaille depuis longtemps avec Microsoft pour l’intégration des technologies de l’information et des communications (TIC) en milieu scolaire et il a notamment été directeur de la formation en Afrique et au Moyen-Orient. « J’ai donc déjà de l’expérience avec des pays aux ressources minimes, comme l’Haïti. C’est pourquoi je me suis tout de suite porté volontaire pour ce projet de formation à distance. »
De même, étant lui-même Haïtien d’origine, Bathélémy Bolivar a su adapter la formation offerte pour qu’elle corresponde aux réalités haïtiennes, rehaussant ainsi l’intérêt des participants envers les mathématiques.
« On a choisi les thèmes des formations selon les besoins identifiés en Haïti à la suite de la demande de notre collègue haïtien et initiateur du projet, Jean Ernesau Dauphin. Par la suite, j’ai fait un appel à tous auprès des collègues ici à l’USB. Le jumelage a donc été fait selon les domaines de spécialisations et les thèmes souhaités », précise Jules Rocque.
Ce premier volet de la formation touchait aux mathématiques et à l’informatique. Un deuxième volet qui s’est déroulé le 18 novembre dernier comprenait le thème des troubles de santé mentale chez les enfants et les adolescents, présenté par Hélène Archambault, ainsi qu’une introduction à l’anglais, par le professeur d’anglais à l’École technique et professionnelle (ETP), John Bluethner.
Jules Rocque assure toutefois que l’enseignement à l’international doit être quelque peu adapté. « La sensibilité culturelle a toujours été mon plus grand souci, confie-t-il. On doit faire attention à bien enlever nos lunettes d’Amérique du Nord quand on fait de la formation à l’international, tout en étant à l’écoute de la réalité locale. »
L’objectif est atteint aux dires des participants, puisqu’ils lui ont rapporté être très reconnaissants du temps des formateurs, de la qualité de leurs interventions, de leur souci de rendre le tout pertinent, et du fait qu’ils avaient pu participer activement à leurs apprentissages.
« Nous nous sommes réjouis de leur approche constructiviste, assure Jean Ernesau Dauphin. C’est vers cela qu’on compte se diriger comme faculté. »
Kasongo Kalanda se réjouit même d’avoir reçu des courriels de participants. « Ils voulaient continuer cette formation et me demandaient des entrevues individuelles. Leur intérêt pour la formation était incontestable ».
« Cette cohorte de Jérémie est à ses débuts, conclut Jules Rocque, et on va voir comment on peut les appuyer au mieux. Rien n’est sûr encore, mais certains de nos professeurs pourraient même s’envoler à Port-au-Prince pour donner une formation sur place. »