Profils | Publié : septembre 2015
Éduquer pour réconcilier
Ancienne étudiante à l’Université de Saint-Boniface (USB) de 1998 à 2001, Aimée Craft est devenue, au mois d’aout 2015, directrice de recherche du Centre national de vérité et réconciliation (CNVR) à l’Université du Manitoba, un centre national bilingue qui mène des recherches sur les pensionnats autochtones.
Aimée Craft, directrice de recherche du Centre national de vérité et réconciliation
« Je vais encourager et coordonner les efforts de recherche, développer des protocoles d’utilisation des archives de la Commission de vérité et réconciliation (CVR), notamment les témoignages, mais aussi faire de la recherche moi-même », dévoile Aimée Craft.
Pourtant, Aimée Craft ne se destinait pas aux questions autochtones en grandissant. Après un bac en latin-philosophie à l’USB, elle s’oriente en droit environnemental. Un cours en droit autochtone lui fait changer de voie.
« On essayait de définir l’identité métisse, se souvient-elle. Ça m’a passionnée, car je suis moi-même d’ascendance métisse anishinaabe, donc je l’avais toujours vécu aux niveaux personnel et familial. Travailler pour la communauté autochtone et la rapprocher des autres communautés sont donc devenus mes objectifs. »
Le CNVR se penchera sur la question des écoles résidentielles, mais aussi sur les conceptions et valeurs liées à la réconciliation, notamment les traités, droits ancestraux et traditions juridiques autochtones. Aimée Craft espère pour cela s’entourer d’un cercle de conseillers dans divers domaines se rattachant aux pensionnats autochtones, comme le droit, la psychologie et les archives, en plus d’une grande équipe de chercheurs.
« Ça va permettre d’éduquer le public tant autochtone que non autochtone sur les pensionnats indiens, leurs pratiques, les déplacements d’enfants et les conditions de santé, mais aussi sur le legs intergénérationnel des pensionnats indiens et les séquelles sur la structure familiale et sur la relation des Autochtones à l’apprentissage, se réjouit-elle.
« Il y a encore beaucoup d’information non disponible au public à ce sujet. Même dans les familles autochtones, souvent on ne parlait pas des pensionnats. »
Par ailleurs, Aimée Craft aura aussi un rôle de surveillance à jouer en ce qui a trait à la mise en œuvre des recommandations émises par la CVR.
Le CNVR est le seul au Canada à traiter de ces pensionnats. C’est un centre bilingue anglais-français, mais comme il dessert la population autochtone à l’échelle du pays, Aimée Craft prévoit y incorporer l’utilisation des langues autochtones autant que possible, ainsi que le respect des traditions et valeurs autochtones.
« Ce CNVR va permettra d’aller plus loin que ce qui a été fait par la CVR, conclut-elle. Ce travail de réconciliation est important, difficile, et il ne sera jamais terminé. C’est à la fois un objectif et un processus. Il y a beaucoup à faire, et la seule façon de réussir, c’est l’éducation, et que tout le monde vienne à la table. »
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