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« Pas le choix, tu souris! »
Il y a 40 ans, Guy Boulianne prenait la direction d’une nouvelle chorale franco‑manitobaine, Les Blés au vent. Le 30 mai 2015, celle-ci a rendu un émouvant hommage à son ancien chef de chœur. Les larmes d’émotion ont coulé dans la salle Martial-Caron de l’Université de Saint-Boniface (USB) lors du concert qui s’est avéré à guichet fermé et qui a permis à Guy Boulianne, diplômé de l’USB en 1962, de revisiter son passé.
« C’était un très beau concert, avec beaucoup d’émotion, confie le choriste et conseiller à l’USB, Roland Saurette. Les gens ont bien apprécié, et c’était à guichet fermé! »
La chorale se partageait la scène avec le fils du chef et auteur-compositeur-interprète, Patrice Boulianne, et l’auteure-compositrice-interprète que Guy Boulianne a beaucoup inspirée, Jocelyne Baribeau.
Pourtant, il s’en est fallu de peu pour que Guy Boulianne ne prenne jamais la direction des Blés au vent! « Quand la chorale a commencé, on venait de déménager à Sainte-Anne en famille et je commençais comme enseignant d’éducation physique là-bas, se rappelle-t-il.
« Des jeunes de Winnipeg, qui voulaient créer une chorale et m’avaient vu diriger une chanson aux Mélomanies, m’ont téléphoné pour me demander de les diriger. Mais comme je n’avais pas encore de téléphone, ils ont dû téléphoner au magasin en face de chez moi, qui est venu me chercher! »
Commençant tout juste à Sainte-Anne, la décision n’était pas facile, mais Guy Boulianne a finalement suivi son cœur. « Les jeunes me voulaient vraiment, et comme je détestais chanter à l’unisson quand j’étais jeune et qu’il me fallait des harmonies, sinon je trouvais ça banal, j’ai accepté la direction des Blés au vent », explique-t-il.
Sa fille Roxanne Boulianne, qui a aussi été choriste dans Les Blés au vent, comprend bien cette insistance. « Mon père sait communiquer sa musique de façon hyper expressive, affirme-t-elle. Il a vraiment la capacité de faire aller chercher tout le bonheur qu’on peut ressentir en chantant. Avec lui, pas le choix, tu souris quand tu chantes!
« Je n’ai jamais trouvé une autre chorale où je me suis autant amusée, qui est autant venue me chercher, et ce n’est pas parce que c’est mon père. Il est passionné de musique, il est le fun, et il sait tirer le meilleur de ses choristes. Les jeunes l’avaient bien vu! »
En outre, Les Blés au vent offraient l’occasion de chanter toutes sortes de styles, des Negro Spirituals aux Swingle Singers, en passant par le classique, le contemporain, ou encore le folklore. De plus, la chorale a pris un virage franco-manitobain à la fin des années 2000.
« Dès le début, j’ai voulu présenter différents styles aux choristes, avec et sans paroles, explique Guy Boulianne. On a aussi fait des petites saynètes. C’était très théâtral. »
« Papa a toujours été un grand mélomane, il a toujours écouté de tout donc il a pu puiser dans un large répertoire », ajoute Roxanne Boulianne.
Guy Boulianne a rendu sa baguette de chef il y a plus de deux ans, emportant avec lui de nombreux souvenirs.
« On a fait des centaines de concerts, des tournées au Canada, deux microsillons et un album double, conclut-il. C’était beaucoup de stress et d’investissement de ma personne, mais cette expérience m’a apporté beaucoup de joie. Faire de la musique avec d’autres, ça m’a toujours procuré un sentiment fort. »
Publié : juin 2015
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