Profil
À la recherche de l'identité métisse
Depuis dix ans, grâce aux travaux d’un professeur passionné de l’Université de Saint-Boniface, une quarantaine d’étudiants des trois cycles universitaires et du niveau postdoctoral ont été amenés à travailler avec des communautés métisses du Canada et d’ailleurs.
Lorsqu’il est arrivé au Manitoba, le berceau de la nation métisse de l’Ouest canadien, le professeur Denis Gagnon a entrevu la possibilité de développer un nouveau champ de recherche : l’étude de l’identité métisse. Dès le début, nous explique-t-il, il a réalisé le défi cit de connaissances en la matière. « Il y a toujours eu une profonde injustice faite aux Métis. Trop souvent, ils sont mis de côté, et leur identité est longtemps restée dans l’ombre. Avant, seuls les historiens s’intéressaient aux Métis, et encore, seulement aux Métis du 19e siècle. Petit à petit, les choses changent ».
|
Denis Gagnon, anthropologue et professeur titulaire
|
En 2003, M. Gagnon a mis sur pied et proposé le programme de la Chaire de recherche du Canada sur l’identité métisse, une première au pays. Avec un budget d’un million de dollars sur dix ans, près de quarante étudiants et chercheurs ont été embauchés pour faire avancer les connaissances sur les Métis de tous les horizons.
Un accomplissement sans précédent puisque plusieurs associations métisses se sont senties interpellées. « Lorsque les communautés métisses non reconnues ont su que des universitaires s’intéressaient à elles, ça leur a donné un certain encouragement pour la revendication juridique de leur statut. Nous avons reçu des demandes de Métis, entre autres, du Québec, du Labrador, du Nouveau-Brunswick, de la Nouvelle-Écosse et, bien sûr, du Manitoba », dit Denis Gagnon, titulaire de la Chaire jusqu’en 2015.
Le Conseil de recherches en sciences humaines (CRSH) du gouvernement du Canada a récemment reconnu le travail du chercheur en lui accordant, en avril 2013, une subvention de 460 000 $ pour un autre projet intitulé Le statut de Métis au Canada : agencéité et enjeux sociaux. Le chercheur principal de ce programme qui sera maintenu jusqu’en 2018 sera épaulé par deux cochercheurs et deux collaborateurs.
Avec ce nouveau projet, M. Gagnon et son équipe veulent proposer un nouveau paradigme de recherche afi n de remplacer le paradigme actuel qui exclut les communautés métisses n’étant pas issues des Métis de la Rivière-Rouge.
« Ce n’est pas parce que l’Histoire ne s’est pas intéressée à eux qu’ils n’existent pas. Dans certaines communautés, ce sera la première fois que des chercheurs leur poseront des questions pour en savoir plus sur leur histoire, leur culture et leur identité », explique-t-il.
Fort de ses expériences passées, le professeur Gagnon sait qu’il reste encore beaucoup à faire en ce qui concerne la recherche sur l’identité métisse, et c’est tant mieux, puisque ce défricheur est sans cesse en quête de nouveaux champs à investir et de nouveaux chercheurs à rencontrer.
Source : La recherche à l’Université de Saint-Boniface : Ensemble pour la recherche (hiver 2013)
Publié : juillet 2014
Voir d'autres profils