Profil
Le partage à travers le monde et les époques
Vous aurez peut-être remarqué la minuscule signature inscrite dans le coin de chacun des tableaux exposés actuellement dans la galerie de l’Université de Saint-Boniface (USB). Cette signature, c’est celle de Marc Beaudry, retraité qui enseigne le français langue seconde au sein de l’établissement.
Pour cet amoureux de Modigliani, de Rivera et des nombreux impressionnistes de la fin du XIXe siècle, le pinceau est un ami de longue date. Après deux participations à des expositions-concours au Centre culturel franco-manitobain (CCFM), quatre années de participation à une collecte de fonds pour Habitat for Humanity et pour laquelle il peignait sur des portes d’armoire de cuisine, Marc Beaudry retourne à l’avant-scène.
« Je ne suis pas un grand artiste, explique-t-il, plein de modestie. Je ne fais rien d’extraordinaire, je peins simplement pour me détendre. » C’est donc dans son « petit coin de cave » que ce professeur se réfugie avec son acrylique et se plonge dans ses souvenirs.
Des souvenirs, il en a à profusion. Parce qu’au-delà de sa vie d’artiste, marquée par sa formation d’été au Mexique alors qu’il n’avait que 23 ans, Marc Beaudry est un professeur, un puits de savoir et un homme passionné de tout connaître et de tout transmettre. « Au cours de ma carrière, je crois bien avoir enseigné partout, toutes les disciplines et à tous les niveaux », raconte-t-il avec humour.
En effet, après avoir fréquenté l’USB, à l’époque appelée Collège de Saint-Boniface (CSB), réservé aux garçons et géré par les Jésuites, l’artiste alors âgé de 18 ans n’a pas hésité à se lancer dans l’enseignement. « À l’époque, la région manquait de professeurs, précise Marc Beaudry. Avec une simple lettre de permis, les jeunes avaient la possibilité de partir enseigner sans avoir encore de diplôme. »
« Avant d’obtenir une maîtrise en éducation au CSB, j’ai enseigné dans une école autochtone dans le Nord, continue-t-il. L’année suivante, j’ai enseigné à Saint-Georges. »
Une fois sa maîtrise en poche, le professeur s’est transformé en véritable globe-trotter. Il a détenu des postes aux quatre coins du Manitoba, il a passé quatre ans en Saskatchewan, deux ans dans les collines du Yukon, il a fait plusieurs excursions en France et a même passé deux ans chez les Inuits, dans les glaces de Tuktoyaktuk, « là où le soleil se couche début décembre et se lève à la mi-janvier ».
« J’ai gardé de très bons souvenirs de chacun de ces endroits, confie Marc Beaudry. J’ai eu beaucoup de chance, car à mon époque, c’était possible de voyager autant. J’ai toujours eu le goût du changement. »
Maintenant il a cinq enfants et 11 petits-enfants, et n’a rien perdu de son dynamisme et de sa soif de partager. Depuis quatre ans, il offre de 10 à 15 heures de son temps par semaine pour enseigner le français à la Division de l’éducation permanente de l’USB. « J’ai la chance de pouvoir continuer à faire de belles rencontres en demeurant à l’USB, souligne-t-il. Et j’aime vraiment le lien qu’on établit en tant que professeur avec les apprenants. Nous puisons dans leurs connaissances pour qu’ils s’épanouissent. »
« Au fond, enseigner, ce n’est pas seulement communiquer de la matière à quelqu’un, conclut-il. C’est lui permettre de grandir. »
Publié : avril 2014
Voir d'autres profils